Ce mercredi matin, 6 personnes issues du milieu agricole sont en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur les incendies du centre des impôts et de la mutualité sociale agricole de Morlaix, survenus en septembre dernier. 6 autres personnes sont également auditionnées.
Vers 6h30, ce mercredi, une centaine d'enquêteurs de la police et de la gendarmerie a interpellé 6 personnes dans le milieu agricole du coté de Saint-Pol-de Léon (communes de Plougoulm, Santec, Roscoff et Saint-Pol). L'opération conjointe des forces de l'ordre a été menée sur commission rogatoire délivrée par le juge d'instruction brestois en charge du dossier des incendies du centre des impôts et de la Mutualité sociale agricole de Morlaix en septembre, suite à une manifestation des légumiers bretons.
Des perquisitions ont lieu dans les exploitations agricoles des personnes interpellées en Finistère nord. 6 autres personnes sont également entendues en audition libre. Des auditions comme témoins qui pourraient se multiplier dans la journée ou les jours à venir.
Devant le risque de réactions du monde agricole, une compagnie de CRS et un escadron de gendarmerie ont été déployés sur Morlaix ainsi que devant le commissariat de Brest où certains des gardés à vue sont entendus.
"Méthodes brutales" selon les agriculteurs
Contacté, Sébastien Louzaouen, le président des Jeunes Agriculteurs du Finistère, dénonce "les méthodes brutales" employées par les forces de l'ordre lors de ces interpellations au petit matin. Il précise qu' "il attend l'issue de la journée et des gardes à vues pour se déterminer sur les suites à donner".Dans un communiqué commun avec Thierry Merret, président de la FDSEA 29, il condamne "l’acharnement des pouvoirs publics à vouloir mettre des noms sur un mouvement de colère spontané, et qui a été malheureusement l’expression du désarroi profond qui ronge la campagne".
"Une première étape" pour les personnels des finances publiques
Contactée, Florence Héré, déléguée CGT des Finances publiques 29, considère ces arrestations comme "une première étape". Elle espère que cela débouche sur des poursuites et attend "des condamnations qui doivent marquer un coup d'arrêt à l'escalade de la violence". "Cela pourrait être l'assurance que cela ne se reproduise pas. Il y a eu jusqu'à présent une impunité totale des actes de violences contre le centre des finances publiques qui est la cible privilégiée des manifestations agricoles ces dernières années".Incendies suite à une action des légumiers
Une centaine de légumiers du Nord-Finistère avaient incendié dans la nuit du 19 au 20 septembre 2014 le centre des impôts et le bâtiment abritant la Mutualité sociale agricole (MSA) de Morlaix lors d'une manifestation contre les règlementations administratives et fiscales. Les dégâts causés par les incendies des deux bâtiments sont estimés à 2,5 millions d'euros.Un militant des Bonnets rouges avait déjà été interpellé en octobre dans le cadre de cette affaire. L'homme, âgé de 40 ans, a été mis en examen pour "dégradation et destruction" d'un bien et entrave à l'arrivée des secours. Se présentant comme un "membre actif" des Bonnets rouges, le suspect a été écroué dans un premier temps puis relâché et placé sous contrôle judiciaire. Il avait reconnu avoir participé à la manifestation mais contesté son implication dans les incendies.
Le Premier ministre Manuel Valls avait condamné fermement ces incendies et promis des poursuites judiciaires.
Le reportage sur la manifestation des légumiers et l'incendie des deux bâtiments le 19 septembre 2014