La contestation contre l'octroi de permis exclusifs de recherche minière à la société Variscan ne faiblit pas. Fraîchement nommé à la Transition écologique, le nouveau ministre Nicolas Hulot s'est déjà engagé en faveur d'une étude indépendante.
Eleveurs inquiets, craintes pour l'eau, risques pour la santé humaine : l'octroi de trois permis exclusifs de recherche minière (PERM) en Bretagne centrale à la société Variscan mines, filiale d'un groupe australien, suscite à la fois l'incompréhension et la colère.
La contestation ne faiblit pas après la délivrance de ces permis d'exploration signés en 2014 et 2015 par le ministre de l'Economie d'alors et actuel président de la République, Emmanuel Macron.
C'est la double peine pour les agriculteurs
"C'est la double peine pour les agriculteurs : ils ne pourront plus vivre de leurs terres du fait des produits chimiques utilisés. Souvent, ils louent des gîtes et les touristes ne viendront plus dans des paysages dévastés", résume Dominique Williams.
"On manque tous d'eau dans nos exploitations en cette période de sécheresse", rappelle une agricultrice qui demande à garder l'anonymat. "Or, l'activité minière est une grosse consommatrice d'eau : où est-ce qu'on ira la chercher ?"
Un regain d'intérêt économique
Dans le massif armoricain, l'exploitation minière remonte à la préhistoire. Dans les années 1960 et 1970, le BRGM (Bureau de recherche géologiques et minières) a dressé un inventaire des ressources métallifères : zinc, cuivre, plomb, manganèse, or, argent... Des gisements considérés comme non rentables pendant des décennies... jusqu'à la décision de l'Etat de relancer l'activité minière en 2012.
Personne ne parle de tous les emplois qui vont disparaître si l'activité minière se développe dans la région
Les trois PERM d'exploration autour de Merléac et de Loc Envel, dans les Côtes d'Armor, et celui de Silfiac, à cheval sur ce même département et le Morbihan, s'étendent sur plus de 70 communes. Le secteur est de plus le château d'eau de la Bretagne.
"Variscan fait miroiter des créations d'emplois. Mais personne ne parle de tous les emplois qui vont disparaître si l'activité minière se développe dans la région", relève Mme Williams qui prône le recyclage et l'économie circulaire.
Nicolas Hulot sollicité
Au plus près du terrain, des maires sont rapidement montés au créneau, suivis par d'autres élus, dont la Région. Sollicité dès sa nomination, le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, "m'a appelé mercredi et m'a donné son accord pour une étude indépendante" sur la question, explique le député Marc Le Fur (LR), dont la circonscription inclut le PERM de Merléac.
Peu courant, six candidats aux législatives dans cette circonscription, de la France Insoumise au Front National, ont demandé à M. Hulot ainsi qu'au ministre de l'économie Bruno Le Maire l'abrogation du PERM de Merléac.
Dans leur lettre ouverte, ils expriment "leur forte détermination à défendre ce territoire contre les risques d'exploitation minière sur l'environnement, l'agriculture, l'activité économique et la santé des habitants".