A Pleumeur-Gautier dans le pays de Paimpol, des producteurs confient leur désarroi. Ils dénoncent des prix trop bas et une faible mise en valeur de leurs produits sur les étals des grandes surfaces.
Depuis 15 ans, Christophe Moal cultive 250 tonnes d'artichauds chaque année. Mais cette année, plus que jamais, c'est la désillusion.
"Je suis de nature optimiste, mais là je suis écœuré" nous confie-t-il.
"C’est le ras le bol de tout. On a l’impression de payer de partout et de ne pas être valorisé pour ce qu’on fait".
En cause selon lui, la politique tarifaire de la grande distribution. "Nous on est payé 20 à 25 centimes de la tête, et on va la trouver à 1,30 à 1,40 euros dans les commerces" déplore t-il.
L'artichaud breton à contre-temps
Pour s'en sortir, il faudrait qu'il vende ses légumes 50 centimes la pièce.Mais en ce moment, l'artichaut du sud de la France est en retard, le Breton en avance. Bref, les deux productions se téléscopent, sans compter les importations espagnoles, comme nous l'explique un autre producteur, Vincent Le Quellec.
"On est en concurrence avec les Pyrénées Orientales en ce moment, elles avaient du retard sur leur production, nous on a un peu d’avance, donc forcément il y a du volume en même temps. L’Espagne exporte également. Lorsque la Bretagne arrive en production, les prix sont au raz des pâquerettes", regrette le producteur.
Ils en appellent à l'État
Les légumiers bretons se disent décus de la loi Alimentation votée le 30 octobre 2018 après les États généraux de l’alimentation organisés au début du quinquennat Macron.Avec une promesse de meilleure rémunération, mais au final le compte s'y est pas pour Gilbert Brouder, président de l'Union des Coopératives de Paimpol et de Tréguier (UCPT).
"Si l’Etat ne réagit pas, si la grande distribution ne reconnait pas à un moment quelle doit proteger ses agriculteurs, on va dans le mur" affirme t-il.