Le risque allergique aux pollens de graminées est très élevé en cette saison. La Bretagne est dans le rouge. Pourquoi ce phénomène ? Les rhinites et conjonctivites saisonnières sont-elles plus corsées que l'année dernière ? Réponses entre deux éternuements.
Les yeux rouges, qui pleurent et qui grattent. Le nez qui coule. Avec une variante : le nez bouché et qui coule quand même. Les "arrête de renifler". Ah oui ! on aimerait bien arrêter de renifler sauf que c'est impossible ! A portée de mains, des mouchoirs qui finissent par irriter la peau : bienvenue chez les allergiques qui, depuis des semaines, mènent le combat contre les pollens particulièrement virulents cette année.
"On se rince les cheveux tous les soirs"
Dans la famille Gorel-Cruchon, la mère, la fille et le fils n'ont pas encore entamé le concours de celui qui éternuera le plus mais se disent "bien plus gênés que les années précédentes, explique Anne-Lise Cruchon. Mon fils de 5 ans a de l'asthme en plus du reste. D'ordinaire, pour ma fille et moi, les antihistaminiques sont suffisants pour stopper les symptômes. Cette fois, notre médecin a été obligé d'ajouter un traitement corticoïde pour le nez et du collyre pour les yeux".
Anne-Lise confie avoir regardé une appli météo pour savoir quand la pluie allait revenir. "Parce que quand il pleut, tout s'apaise". Cette famille de Vitré, en Ille-et-Vilaine, essaie de prendre son mal en patience. Et met en place quelques astuces pour limiter l'action des pollens durant la nuit. "Je nettoie régulièrement les taies de nos oreillers, on se rince les cheveux tous les soirs pour être moins embêtés au réveil".
Des conseils que l'on retrouve sur le site du réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). Lequel préconise aussi d'aérer sa maison au moins dix minutes par jour avant le lever et après le coucher du soleil, d'éviter de faire sécher le linge à l’extérieur ou encore de garder les vitres des voitures fermées.
La Bretagne en rouge
Mais alors, pourquoi en Bretagne l'air est-il plus chargé en pollens cette année ? La faute à qui ? A la météo ! Le temps sec et ensoleillé n'est pas le meilleur ami des allergiques en cette saison. "Avec ces conditions météo, on note effectivement des concentrations en pollens plus fortes qu'en 2019 à la même période, explique Samuel Monnier, ingénieur au RNSA. Elles jouent un rôle importants dans l'émission et la dispersion des pollens". Pour preuve : la carte de vigilance publiée par le RNSA qui montre une Bretagne aussi rouge que le reste de la France.
Bulletin allergo-pollinique du 29 mai
— Réseau National de Surveillance Aérobiologique (@rnsa_pollen) May 29, 2020
Alerte rouge aux pollens de graminées! La vigilance est de mise pour les allergiques qui doivent bien suivre leurs traitements! Bon courage à tous!
Plus d'infos sur https://t.co/x8uuZJGMRb#pollens #graminees #allergies @rnsa_pollen pic.twitter.com/9F5QHBMpC8
Pour établir cette cartographie, des capteurs de pollens sont disséminés dans cinq villes bretonnes : Dinan, Brest, Pontivy, Rennes et Saint-Brieuc. "Les capteurs simulent la respiration humaine, indique Samuel Monnier. Comme une bouche qui s'ouvre pour aspirer de l'air, à raison de dix litres d'air par minute". Les données sont ensuite analysées, chaque semaine, à l'hôpital de Dinan. A cela s'joute un réseau de médecins sentinelles et le travail sur le terrain d'observateurs de la floraison.
"Souvent, quand des personnes allergiques nous demandent où elles seraient le moins affectées, on leur répond : Brest car c'est la ville de France où il y a le moins de pollens mesurés par les capteurs. Mais, ce ne sera pas le cas cette année".
Comme le vent transporte les pollens dans les maisons, je ferme tout
Killian, qui habite du côté de Vannes, ne compte plus ses éternuements. Des crises à répétition, malgré un traitement de cheval qui va durer deux mois. "Je suis passé au stade supérieur, dit-il. Les autres années, je gère, ça dure moins longtemps et je suis plus tranquille". Résultat : il reste chez lui la journée, ferme les fenêtres et ne sort que tôt le matin ou tard le soir.
Pour Héloïse, qui est aide-soignante dans un Ehpad du Finistère, c'est un peu plus compliqué. "Le port du masque et les allergies, ça ne va pas ensemble, raconte-t-elle. J'ai le nez qui coule, j'ai besoin de me moucher et je dois donc changer de masque très souvent. J'ai le palais et les oreilles qui me démangent aussi".
Enfin Mélyssandre, qui n'a jamais eu d'allergies, se retrouve aujourd'hui sous antihistaminiques. "J'ai les yeux gonflés, je me mouche sans arrêt, c'est un peu galère".
Bonne nouvelle pour les allergiques : la pluie sera bientôt de retour en Bretagne. Ce qui devrait faire chuter la concentration de pollens dans l'air.