Selon le chercheur Olivier Ertzscheid, Facebook a largement permis d'amplifier le mouvement des Gilets jaunes, grâce à son nouvel algorithme qui favorise les publications d'amis plutôt que de médias. Mais peut-il le faire aboutir ?
Le groupe Pouvoir du Peuple 22 est l'un des premiers groupes Facebook à avoir appelé au blocage le 17 novembre, à cause du prix du carburant. Il a été créé par Tristan Lozac'h, fin octobre, et comptait avant la première manifestation plus de 11 000 membres.
Tristan Lozac'h est toujours sur les ronds-points, et déterminé à poursuivre le mouvement après les annonces d'Emmanuel Macron. Et le groupe compte à ce jour plus de 24 000 membres, et surtout, a fait beaucoup d'émules.
"Pouvoir du peuple 22 Plaintel", "Pouvoir du Peuple 22 Langueux", "Pouvoir du peuple infos et partage"... Dans les fils d'actualité, modérés par des administrateurs, on trouve des invitations à des événements, des sondages, des vidéos en direct partagées d'autres groupes, comme celles postées par le porte-parole "emblématique", Maxime Nicolle.
Selon le chercheur de l'IUT de La Roche sur Yon, Olivier Ertzscheild, le nouvel algorithme de Facebook, qui favorise non plus les posts des grands médias, mais les publications d'amis que l'on a déjà "liké" ou partagé, a favorisé l'ampleur du mouvement des Gilets jaunes.
"Les Gilets jaunes sont davantage en manque de visibilité, plus que de représentativité" explique-t-il, "ce qu’ils veulent, c’est être visible - d’ailleurs, ils enfilent un gilet jaune, ce n’est pas anodin - et Facebook est une plate-forme qui dans le domaine de la visibilité excelle pour faire remonter les revendications."
La plateforme sociale et ses multiples outils (événements, sondages) ont permis au mouvement de s'organiser, tant bien que mal, pour converger vers des points de rendez-vous, mais aussi des points de revendication, et, plus difficilement, pour faire émerger des représentants.
Gagner grâce à Facebook ?
Ce phénomène de "bulle algorithmique", ou d'effet de loupe, nous surexpose aux contenus auxquels nous avons déjà réagi. Et nous enferme, de fait, dans des groupes d'opinions que nous partageons.
"C'est une plate-forme qui enferme aussi les gens à l’intérieur des revendications, mais qui n’est pas un avis objectif d’une démarche constructive" explique Olivier Ertzscheild, pointant une des limites du réseau social.
Pour le chercheur, "Facebook est une formidable opportunité pour déclencher des mouvements sociaux ou politiques, mais en aucun cas, c’est un outil qui permet de les gagner ou de les remporter" estime-t-il.