Ce lundi 2 novembre, tous les élèves en France vont saluer, par une minute de silence, la mémoire de Samuel Paty, le professeur assassiné. Comment aborder ce drame avec les enfants ? Nous avons posé 3 questions à Myriam Cherel, psychologue et auteure du livre “Être parent au 21ème siècle”.
Madame, comment préparer les enfants à la minute de silence ?
Si les parents ne se sentent pas d’expliquer ce que signifie la minute de silence, ils peuvent compter sur les enseignants pour préparer les enfants en fonction de leur âge, de leur sensibilité et de leur maturité à ce qui va se passer ce lundi. On ne peut pas avoir de discours universel, ça dépend vraiment de chaque classe, chaque élève, de leur maturité.…
Je crois que c’est l’occasion d’une conversation citoyenne, quels que soient les milieux socio-culturels des enfants. C’est aussi l’occasion pour les enfants de parler entre eux. Ils ont l’habitude d’aborder ces questions là, ils ont été obligés de s’y former.
Il y a des réponses individuelles que l’enseignant peut apporter également, qui permettent d’ajuster en fonction de ce que l’élève a vu, entendu.
Comment parle-t-on d’un drame comme celui de l’assassinat de Samuel Paty à un enfant ?
En général on les protège, nous ne sommes pas obligés d’entrer dans les détails morbides. Ça n’a aucun intérêt pédagogique, ni citoyen. Cela va juste l’effrayer. Un enfant de cinq ans est trop petit pour entendre des termes comme “décapitation”. Il s’agit de se déprendre de la fascination pour l’horreur. Dans la conversation avec l’enfant. Il s’agit d’être au plus près de ce qu’ils ont entendu.
Il faut offrir à l’enfant la possibilité de parler, seul, à son enseignant des faits qu’il a entendus. Ce sera bénéfique. Quand les images sont trop fortes, quand un enfant n’est pas en mesure de traduire seul ce qu’il a vu, la parole de l’adulte est essentielle pour mettre des mots sur ce qui a fait effraction pour lui.