En février, la Bretagne bénéficiait du taux de chômage le plus bas de France. La région aurait pu être l'une des premières à connaître une situation de plein-emploi. Mais l'épidémie de Covid-19 a rebattu les cartes.
On parle de plein-emploi, quand le taux de chômage frôle les 5%. La Bretagne l'a touché du doigt... mais c'était avant mars 2020.
Une spirale positive avant le Covid
Flash-back : fin 2019, le taux de chômage se situe à 7,9%, en France. En Bretagne, il a reculé tout au long de l’année et atteint 6,7% au 4ème trimestre .
D'ailleurs, l’ouest de la France se démarque. La Bretagne et les Pays-de-La-Loire font la course en tête, puisque les deux régions sont créditées d’un taux de chômage très inférieur à celui du niveau national.
Atteindre les 5% n’est pas chose aisée. La courbe n’est pas lisse. Le nombre de demandeurs d’emploi, toutes catégories confondues, connaît toujours une hausse sur la période de juillet à janvier pour retrouver une baisse en février.
Le début d’année 2020 se présentait sous son meilleur jour en Bretagne, avec un total de moins de 300 000 demandeurs d’emploi en janvier et une baisse classique pour ce mois de février. Seulement voilà, la crise sanitaire est arrivée mettant la France et son économie à l’arrêt.
En mars, un coup de frein économique brutal et massif
Avec la crise sanitaire, le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté très fortement. Entre février en avril, le nombre d’inscrits en Catégorie A, c’est-à-dire les personnes sans aucun emploi, est passé de 144 050 à 183 080 en Bretagne.
Cette augmentation est la conséquence de la pandémie du coronavirus qui a mis fin aux renouvellements de CDD, aux missions d’intérims, et à quasi toutes les embauches dès la mi-mars.
75 % des personnes nouvellement sans emploi sont les travailleurs précaires exerçant une activité réduite.
Ce mois de mars n’a pas pu offrir les opportunités d’emploi dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, ou encore de l’agriculture qui apparaissent traditionnellement en Bretagne sur cette période.
Les salariés de l'agroalimentaire ont continué à travailler
Le mois d’avril est aussi sombre que le mois de mars pour l'emploi. Toujours confinée, la Bretagne a connu deux fois moins de retour à l’emploi en avril 2020 qu’en avril 2019. Cependant, Pôle Emploi n’a pas connu plus de nouvelles inscriptions, le chomage partiel étant massivement mis en place et soutenu par les mesures de l'État.
La région a été protégée par l’agroalimentaire. Les industries de la filière ont continué à tourner à plein régime, et la Bretagne compte de nombreux salariés dans ce secteur.
En France, le secteur qui a été le plus impacté en terme d’emploi est celui des sciences et techniques. La Bretagne compte relativement peu de salariés dans cette catégorie.
Les jeunes sont les plus touchés
Les jeunes de moins de 25 ans sont les plus durement touchés (+39,7% en catégorie A) alors que les plus de 50 ans sont relativement épargnés (+19,6%).
Les 25-49 ans connaissent une augmentation intermédiaire (+32,7%).
L’arrêt total des restaurants, bars et d’une très large partie de l’hôtellerie a fortement impacté les plus jeunes. Ces secteurs d’activités permettent habituellement aux plus jeunes de faire leurs premiers pas dans le monde du travail.
Les femmes sont moins touchées que les hommes
L’évolution du marché de l’emploi est plus défavorable aux hommes (+32,4% en catégorie A) qu’aux femmes (+27,7%). L'explication est simple, les femmes ont été plus au front face au Covid.
Les professions dont les activités ont été maintenues, car jugées essentielles, sont assurées pour la grande majorité par des femmes. Cette singularité a été détaillée par étude de France Stratégie.
Les corps de métiers dont les activités apparaîssent essentielles dans cette crise sont ceux de la santé, de l’éducation, de la propreté, de l’alimentaire et de la distribution. Métiers parmi les moins bien rémunérés et davantage occupés par des femmes.
- Hygiène : Métiers du soin à la personne et de l'hygiène
- Santé : Métiers de la santé
- Enseignants : Personnels de l'éducation
- Ensemble : Ensemble des professions face au Covid
Les hommes sont moins présents dans les corps de métiers nécessaires.
Un rebond de l’emploi pour mai
D’ici quelques semaines, les chiffres de l’emploi diront si le déconfinement a été profitable aux demandeurs d’emploi.
Aujourd’hui les offres sont reparties à la hausse. Mais le nombre de propositions d’emploi n’a pas encore atteint celui de l’an passé à la même époque.
La saison touristique est encore incertaine. Le coronavirus va-t-il faire son retour en France, comme il le fait aujourd’hui en Chine? La météo et les touristes seront-ils au rendez-vous sur les côtes bretonnes pour aider les entreprises liées au secteur touristique ?
Le gouvernement et Pôle Emploi tentent une mobilisation pour l’emploi en ouvrant une plateforme dédiée : mobilisationemploi.gouv.fr
Cette plateforme affiche actuellement près de 14 000 offres, dont plus de 4 000 pour des offres de travail saisonnier.
La crainte d’une deuxième vague sur l’emploi
L’activité partielle mise en place par le gouvernement a permis à de nombreux salariés de conserver leur emploi. Depuis le 1er juin, pour les secteurs où l'activité économique a repris progressivement, l’indemnité est passée de 100 % à 85 %. L'employeur doit désormais financer les 15 % restants.
Les entreprises ayant bénéficié des différentes aides vont maintenant repartir, mais dans quel état. Leurs situations économiques sont fragilisées et les risques de dépôts de bilan sont grands si la relance économique ne se fait pas rapidement.
Cette deuxième vague de demandeurs d’emploi est redoutée.
Le taux de chômage n’est pas homogène dans la région. Certaines zones sont plus en difficulté. La zone d’emploi de Guingamp culmine toujours avec un taux de chômage de 8,4%, devant celle de Morlaix (8,1%) et Carhaix-Plouguer (7,9%). A l’opposé, la zone d’emploi de Vitré demeure le secteur géographique où ce taux est le plus bas en Bretagne (4,5%), soit le 4ème plus faible des zones d’emploi de France métropolitaine.
Les chiffres de l'emploi de septembre permettront de prendre la mesure de la situation. Après cette crise sanitaire, beaucoup craignent une grave crise économique.