Quand on évoque la situation sanitaire avec David Gaudu, le coureur est plus que philosophe. Le confinement lié à l'épidémie de Covid-19 a commencé pour lui et son équipe dès le 28 février à d'Abu Dhabi, sur le Tour des Emirats arabes unis. Du haut de ses 23 ans, le champion fait preuve de maturité.
"Ce tour des Emirats, c'était vraiment un objectif de début de saison pour moi", confesse le jeune coureur cycliste. Fort de sa troisième place au classement général l'an dernier, le Finistérien de l'équipe Groupama-FDJ pouvait en effet nourrir quelques ambitions bien légitimes.
Quand on a appris que les deux dernières étapes étaient annulées, on ne pensait pas qu'on allait se retrouver bloqués à l'hôtel durant une dizaine de jours.
"Nous étions, comme l'équipe Cofidis, logés au même étage que l'équipe Gazprom. Et comme il y a eu suspicion de cas positifs au Covid-19 au sein de cette équipe, on nous a demandé de garder la chambre". Trois fois testé négatif au virus, il va malgré tout devoir ronger son frein, un comble pour un coureur professionnel. "C'était pas simple. La chambre avait beau être confortable, on se demandait quand nous allions pouvoir rentrer."
"J'attendais les Flandriennes"
De retour sur ses terres bretonnes, un nouveau confinement va rapidement s'imposer à lui, comme l'ensemble du peloton français. Une contrainte qu'il préfère relativiser : "Ce n'est pas marrant, c'est certain, mais ce n'est facile pour personne. J'ai la chance d'être chez moi avec un jardin, de pouvoir me promener avec mon chien."
Certes je ne peux pas m'entraîner comme j'ai l'habitude de le faire, mais je crois que la situation est suffisamment grave pour ne pas m'apitoyer sur mon sort.
David Gaudu se contente de son home-traîner pour tourner les jambes et multiplie les séances de gainage pour conserver une forme, qui ne devra pas lui faire défaut si les feux des compétitions à venir repassent au vert.
J'attendais avec impatience les courses flandriennes... c'est raté. Je ne sais pas comment va se dérouler la suite de la saison mais il faut espérer que l'on aura une course à étapes à disputer avant le Tour de France.
Un Tour de France qu'il n'ose imaginer amputé de son public. "C'est dur d'imaginer un Tour à huis-clos. Le public fait partie intégrante de la course. Et une année 2020 sans le Tour de France, c'est dur à imaginer".
"Ce sera dur pour les coureurs amateurs"
Le jeune grimpeur est déjà dans l'après. Il sait que le sport va payer un très lourd tribut au sortir de cette crise sanitaire sans précédent. "On voit déjà que des équipes se séparent d'une partie de leurs encadrements. Des coureurs en fin de contrat vont avoir du mal à rebondir. Je pense surtout aux équipes continentales qui vont avoir du mal à conserver leurs partenaires."
"Ce sera dur aussi pour les coureurs amateurs qui ambitionnaient de passer professionnels à la fin de cette saison. Les équipes du pro-tour vont peut-être passer ce cap difficile mais il faudra sans doute parfois se restructurer"
Un champion qui estime que, pour l'heure, les coureurs professionnels doivent accepter leur sort sans trop broncher.
En Belgique et aux Pays Bas les coureurs peuvent s'entraîner... c'est ainsi. Je pense que nous ne devons pas demander une dérogation. L'effort que l'on nous demande est collectif. C'est ensemble que l'on parviendra à sortir du confinement.
Comme quoi la sagesse et le talent n'attendent pas le nombre des années...