Crêperies et restaurants fermés pendant près de 4 mois, peu de vente au détail : les cidriers bretons ont souffert de la crise du Covid-19. La récolte 2020 s'annonce bonne heureusement. A condition de pouvoir transformer les pommes et ce ne sera pas simple pour tous les professionnels.
Hervé Seznec a le sourire en évoquant ses 30 hectares de vergers aux 25 variétés de pommes. Les fruits s'annoncent beaux pour la récolte en septembre et octobre, grâce à une météo printanière favorable. Le beau temps : l'une des rares bonnes nouvelles d'un début d'année marqué par la crise du Covid-19 et le confinement.
Comme d'autres fournisseurs agroalimentaires, les cidriers ont perdu 90% de leur chiffre d'affaires en mars avril, à la fermeture des restaurants, notamment les crêperies. Traduction concrète de presque quatre mois de non vente, les cuves de la plupart des professionnels bretons sont encore pleines du cidre 2019.
Or, comment récolter en 2020, si l'outil n'est pas disponible ? "Si la demande ne repart pas rapidement", explique Hervé Seznec, "il faudra méthaniser une partie de la production pour en faire de l'électricité ou du biocarburant." Lui, n'aura pas ce problème. Son exploitation, le manoir du Kinkis à Quimper et les autres producteurs sud-finistériens ont connu un millésime 2019 réduit.
"On a très peu récolté l'an dernier dans la vallée de l'Odet pour cause de gel. On n'est pas concerné. Nos cuves sont disponibles." Mais le Quimpérois se fait le porte-parole de la profession, touchée par une année à part. "La reprise économique est lente. Les restaurants ont rouvert le 2 juin mais ils n'ont connu une activité normale qu'en juillet".
L'export tourne aussi au ralenti. "189 pays sont touchés par la pandémie. On a du mal à vendre même si on enregistre quelques commandes vers l'Australie." En vente directe, 20% de l'activité, même constat. Hervé et sa compagne ont repris les visites de l'exploitation. "La fréquentation a été bonne au début du mois, autour du pont du 14 juillet. Une clientèle française principalement, les étrangers ont du mal à revenir" constate le cidriculteur.
Il peut compter sur Christophe, vacancier suisse "habitué de la Bretagne", venu découvrir en famille, les secrets de la fabrication du cidre artisanal. "C'est du beau boulot. Ils laissent la nature faire son œuvre" dit-il, déambulant entre les fûts de chêne où vieillit la production du manoir.
Si les visiteurs comme Christophe donnent du baume au cœur, la solution pour vider les surplus des cuves, est locale si l'on en croit Hervé Seznec. "Il suffit que les deux millions et demi de foyers de la Bretagne historique (avec la Loire-Atlantique) ouvrent une bouteille de cidre par semaine pour sauver les producteurs." Un patriotisme à consommer avec modération !