Depuis la rentrée, l'Académie de Rennes a l'ambition de généraliser un quart d'heure quotidien de lecture dans les établissements de la région. Les collèges sont particulièrement ciblés, car c'est le moment où la lecture chute pour les jeunes. Une initiative saisie par le collège de La Mézière.
Après l'excitation de la récréation, et l'effervescence régnant dans le hall du collège, les élèves chahutent encore dans le couloir, avant de rentrer en classe. Mais sitôt la porte franchie, chacun va s'assoir et sans un mot, sort un livre de son cartable pour plonger dedans. L'habitude semble bien installée. Le silence s'est fait instantanément, tout s'est arrêté et pendant près de 20 minutes, seul le bruit des pages tournées est perceptible. Un calme assez impressionnant après le brouhaha. Les esprits semblent loin de la salle, absorbés chacun par une histoire différente. "J'aime bien ce temps de repos après la récré, explique Justine, élève de 6e, et ça permet de mieux travailler après", "là ça te calme, comparé à avant quand on reprenait les cours directement" confirme d'ailleurs Mathieu son camarade de classe.
Réenclencher le goût de lire
Depuis la rentrée, comme d'autres établissements, le collège Germaine Tillion de La Mézière, au nord de Rennes, a mis en place, "Silence on lit". Un temps de lecture quotidien en début d'après-midi, dans toutes les classes, pour les élèves, comme pour les adultes. Chacun peut prendre le livre de son choix, issu de la bibliothèque du collège, ou de la maison, qu'il s'agisse de romans, de bandes dessinées, de magazines ou de mangas.
A la base de tout enseignement
Un dispositif justifie Matthieu Serrand, prof de maths, mis en place parce qu'"on a l'impression que nos élèves lisent un peu moins, certains n'ont pas de livres chez eux, ils sont un peu sur les écrans facilement". "Ici le but" ajoute-t-il "c'est de leur donner goût à la lecture, de faire en sorte qu'ils lisent, parce qu'on pense tous que la lecture et le français, sont très importants et à la base de tout enseignement."
La lecture chute lors des années collège
Développer le goût de la lecture chez les enfants, une ambition largement encouragée par les instances éducatives, qui poussent à ce type d'initiatives. Les chiffres montrent en effet que le nombre de livres lus par goût personnel, chute à l'entrée au collège puis au lycée. Ainsi un collégien lit deux fois moins de livres qu'un écolier, un lycéen trois fois moins. Mathieu, 12 ans atteste qu'il n'est pas un très grand lecteur et qu'il n'aime pas trop lire, mais "du coup le rituel, ça me fait lire beaucoup plus qu'avant, et là j'ai lu plus de livres que lorsque j'étais en primaire", Eween, lui aime lire mais précise que "grâce à 'Silence on lit', j'ai pu continuer à lire sur des temps un peu plus longs et j'ai pu finir au moins trois livres."
Des livres pour les vacances
Dans le hall du collège, une cabane a livre a été installée et puis en cette veille de départ en vacances, la documentaliste du collège, met également en place un stand, pour permettre aux élèves d'emprunter des livres plus facilement. Ainsi pour ces congés, au total 593 ouvrages du CDI sont partis, soit quasi un par collégien (ils sont 600 dans ce collège). Preuve que la lecture se poursuit même hors de l'établissement et que le rituel du quart d'heure quotidien porte ses fruits. En espérant que l'habitude s'ancre pour se poursuive bien au-delà.
Le reportage à La Mézière (35) de Krystel Veillard, Bruno Van Wassenhove et Hélène Notat – Interviews : Maelynn, et Justine, 11 ans, élèves de 6e du collège Germaine Tillion - Matthieu Serrand, professeur de mathématique - Mathieu, 12 ans et Ewenn, 10 ans, élèves de 6e du collège Germaine Tillion - Emmanuel Éthis, recteur de l'Académie de Rennes
Quelques chiffres sur la lecture
Selon une enquête sur "Les jeunes et la lecture" commandée par le Centre national du livre en 2016
- 96 % des jeunes de 7 à 19 ans lisent, 89 % dans un cadre scolaire, 78 % dans le cadre de leurs loisirs.
- 68 % de ces jeunes lisent au moins une fois par semaine, 28 % tous les jours ou presque.
Selon une étude de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) menée en 2018
- 22,4 % des 710 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans qui ont effectué leur Journée défense et citoyenneté (JDC) maîtrisent mal la lecture. Leur déchiffrage est lent et leur compréhension de ce qui est lu faible.