La Bretagne est pour l'instant moins exposée au Covid-19. Mais dans notre région aussi, un confinement efficace et durable sera la clé du succès pour vaincre l'épidemie. Entretien avec le Professeur Matthieu Revest, infectiologue au CHU de Rennes et enseignant à Rennes 1.
Le CHU de Rennes est-il actuellement sous tension ?
Bien moins que les établissements d'Ile-de-France et du Grand Est par exemple. Nos services restent tout de même mobilisés et nous avons libéré des lits de réanimation, d'autant plus que nous accueillons de nouveaux malades en provenance des régions plus infectées. Mais depuis quelques jours, dans la région rennaise, il faut noter qu'il y a moins de personnes à venir en consultation, à être hospitalisées ou à appeler le Samu. Mais il est encore tropt tôt pour dire si le virus circule moins en Bretagne.
Comment expliquer cette disparité de situation entre certaines régions ?
Elle est normale. Tout dépend en fait du moment où a été fait le confinement. S'il a débuté dans une région où la circulation virale était faible, le nombre de cas est moins important.
Ça veut dire que la Bretagne sera épargnée par la grande vague d'épidemie ?
Pas du tout. Cette tendance ne veut pas forcément dire grand chose. Il ne faut surtout pas crier victoire et rester en capacité d'accueillir un afflux massif de malades. Partout en France, la clé du succès, c'est un confinement respecté et sans doute prolongé pour éviter une deuxième vague d'épidemie.
Comment doit on organiser sur le plan médical l'après-confinement ?
Il faudra faire beaucoup de tests sérologiques pour savoir qui peut se déconfiner sans risque et être autorisé à circuler. On peut aussi parier sur une immunisation collective.
Deux mois après l'arrivée sur notre territoire du Covid-19, le connaît-on mieux ? Le soigne-t-on mieux ?
Nous avons beaucoup appris. Vu les premiers modes de transmission, on aurait pu croire que c'était une sorte de grippe. On sait maintenant que cette maladie présente des symptômes très particuliers comme la perte du goût, de l'odorat, l'oppression respiratoire. La proportion de cas graves est plus importante. Mais plus on est jeune et en bonne santé, plus les risques de complication sont faibles. Et puis dans les soins, les services de réanimation ont beaucoup avancé.
Cette crise sanitaire est déjà riche d'enseignements ?
Oui. Notamment pour les hôpitaux qui ont dû revoir totalement l'organisation de leurs services et la gestion de leurs malades. Pour les citoyens aussi qui ont dû appréhender cette pandémie très brutale.