Le coronavirus entraîne une baisse des cours du lait : inquiétude des producteurs

Moins d'exportations, moins de ventes aussi en France, les laiteries n'auraient plus assez de débouchés et demandent aux producteurs de lait de réduire les volumes. Parfois sous peine de baisse du prix. Un coup dur justement au moment où les vaches ressortent brouter et où le lait coule à flots.


Plus d'élèves dans les cantines, des restaurants fermés, des exportations contrariées, les débouchés pour les produits laitiers se réduisent fortement, selon les industriels.

Ils préconisent donc une réduction de la production. Certaines laiteries envoient le message aux agriculteurs, accompagné d'annonces de baisse de prix.
C'est évidemment mal perçu par les éleveurs.

   

Où sont les preuves ? 

 

De son côté la Coordination Rurale doute de la bonne foi des laiteries et réclame des chiffres avant de solliciter un effort chez les producteurs. 
"La section Lait de la Coordination Rurale déplore un manque de justifications à partir de preuves réelles : états des stocks, des marchés… des industriels notamment !" . 
 

 

"Une double peine !"


FDSEA et Jeunes Agriculteurs du Finistère parlent d'une double peine. 

"La réduction du prix du lait de 20€ sur une période propice à la production laitière sur nos exploitations est une double peine ! Après une longue période hivernale, l’augmentation de la production, du fait de la valorisation des pâtures, va se confronter à un prix en chute libre".

Maxime Lemarchand, président de la section  "Jeunes Agriculteurs" du canton de Tinténiac en Ille-et-Vilaine, confirme une équation paradoxale.
"On a l'impresion que les laiteries ne veulent pas assumer ce pic de production habituel quand on ressort les vaches, et les vaches à l'herbe c'est ce qui me coûte le moins cher", dit-il en lisant le mail envoyé par Agrial.

Sa laiterie annonce la mauvaise nouvelle : un prix à 312 € en avril contre 330 le mois dernier.

Pourquoi ça retomberait toujours sur le producteur ?

"Il y a sûrement des problèmes chez eux, mais pourquoi ça retomberait toujours sur le producteur ?", déplore Maxime.
"Nous, on n'a pas arrêté notre métier et c'est aussi pour faire vivre le pays. Je pense que ça va être pareil dans toutes les laiteries, mais nos charges tombent tous les jours".

 


Agrial recommande de tarir les bêtes plus tôt (arrêter de les traire pour allonger la période de non production entre deux vélages et donc deux lactations), et de ne plus leur donner de compléments alimentaires.

Encore une difficulté, selon Maxime. Car moins d'aliments c'est un lait moins riche en matière grasse et en protéines, donc moins bien rémunéré pour le producteur.

Le covid a mal choisi son moment

Patrick Wecxsteen, directeur collecte Bretagne- Pays de la Loire, chez SODIAAL l'admet, "le Covid-19 a mal choisi son moment", mais il s'engage, "on enlève 20 euros, mais on les redonnera en août et septembre. Une sorte de vase communiquant. On redonnera à l’euro près la somme qu’on aura creusée au printemps".
Il explique aussi que la grande distribution a réduit ses approvisionnements sur certains produits, les fromages AOP par exemple. Le lait collecté a donc été redirigé vers la production de poudre notamment, des produits qui vont être saturés.
"Si on accélère le phénomène, on va provoquer une baisse du cours à plus long terme".

Un fonds d'aide de 10 millions d'euros


Dans un communiqué, le Cniel (interprofession laitière) indique avoir demandé à la Commission Européenne "l’autorisation de mettre en place pour le mois d’avril un fonds de solidarité exceptionnel de 10 millions d’euros (trésorerie Cniel) qui pourra indemniser tout éleveur dans son effort de limitation de production".
 


Le mécanisme consiste à rémunérer le producteur pour les volumes qu'il ne livrera pas sur la base de 320 €/1000 litres. "Cette aide se calculerait sur la totalité du volume non produit - pour une baisse de 2 à 5% - sur la base de la production d'avril 2019", précise le Cniel.

Objectif : réduire la production d'avril de 30 millions de litres. Le Cniel réclame aussi des aides européennes afin d'indemniser les entreprises qui augmenteraient leurs stocks de fromage par exemple.

"On veut bien faire attention", conclut Maxime,  "mais nos vaches ne sont pas des robinets".


 




 

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