Lors d’une interview sur LCI ce matin, Muriel Pénicaud s’en est violemment prise aux entreprises du bâtiment qui ont décidé de cesser leur activité suite aux mesures de confinement prises par le gouvernement. En Bretagne, le président de la fédération régionale du bâtiment, lui répond.
Il y a deux jours, au lendemain de l’intervention d’Emanuel Macron, la Fédération régionale du bâtiment en Bretagne, recommandait à tous ces adhérents de fermer les chantiers. Les conditions d’application des gestes barrières ne pouvant être réunies. "Cette décision, nous l’avons prise pour garantir la protection de nos salariés, et pour répondre à la demande de confinement tel que demandé par le président de la République", justifie Hugues Vanel, président de la fédération en Bretagne.
Interviewée ce matin sur LCI, la ministre du travail, Muriel Pénicaud tenait elle, un tout autre discours. Face à la crise sans précédent que traverse le pays, "on a besoin de tout le monde sur le pont", exhortait la ministre. Se disant même "scandalisée" et qualifiant la décision des entreprises du BTP de "défaitisme".
Des annonces contradictoires
"On est un peu surpris, voir plus, d’entendre la ministre tenir de tels propos", s’insurge Hugues Vanel. "Moi j’ai bien entendu le président de la république dire l’autre soir qu’il ne fallait conserver que les activités qui étaient essentielles à la survie de l’Etat comme les hôpitaux, la médecine de ville ou l’alimentation. Nous ne considérons pas que le bâtiment fasse partie des entreprises stratégiques. Aujourd’hui, on nous demande de reprendre une activité, alors qu’on nous annonce un pic de contagion dans une dizaine de jours. C’est pour le moins contradictoire."
Peut-on se protéger sur un chantier ?
Et c’est bien sûr cette question de propagation du virus, et la possibilité d'appliquer ou pas les gestes barrières, que les avis divergent entre Muriel Péricaud et les entrepreneurs du bâtiment.
"Pour se rendre sur les chantiers, de manière générale, nos gars y vont ensemble, en camionnette. Je ne peux pas fournir un véhicule par salarié. Quand on pose une fenêtre, il faut être deux. Impossible d’être à plus d’un mètre l’un de l’autre. Et des exemples comme ça, il y en a plein", avance Hugues Vanel. Ce à quoi la ministre du travail répond : "Les entreprises doivent faire une réunion avec leurs salariés de manière à trouver des solutions pour continuer l’activité".
On le voit, les échanges sont vifs. Entre le gouvernement qui multiplient les appels pour "conjurer l’autre fléau qui nous menace : la pire récession du siècle", et une profession qui doit, de plus, faire face à des difficultés d’approvisionnement et à la fermeture de centrales de béton.
"Je n'aime pas cette petite musique..."
Mais au-delà, ce que le président de la Fédération de régionale du bâtiment de Bretagne ne peut s’empêcher d’entendre derrière les propos de Muriel Péricaud, c’est un désengagement du gouvernement. "Moi, j’ai besoin que l’Etat me garantisse que nos entreprises auront des mesures de chômage partiel. C’est ma crainte, je n’aime pas cette petite musique."