À l'appel de la FDSEA, les grands élevages de poules pondeuses ne livrent plus leurs œufs à la grande distribution et à l'industrie agroalimentaire pendant deux jours, à compter de ce jeudi 2 février. Ils estiment ne pas être rémunérés par leurs partenaires commerciaux à la mesure de la hausse des charges qu'ils subissent.
"Depuis deux ans, toutes nos charges augmentent : le prix du poussin, le prix de la poulette, le prix de l'électricité, les charges salariales, le coût des installations dans les bâtiments d'élevage", s'alarme Patrick Hamon, responsable de la filière œuf au syndicat agricole FDSEA des Côtes d'Armor. Les Côtes d'Armor, premier département français pour l'œuf, concentrent 22 % de production française.
Parmi ses griefs, l'éleveur de poules installé à Saint-Martin-des-Prés, en centre Bretagne, ne signale pas l'augmentation du prix des aliments de ses poules (soja et céréales) car les contrats avec la grande distribution suivent désormais l'évolution du prix de cette matière première, en application de la loi Egalim 2. Les acheteurs de denrées agricoles sont tenus de payer plus cher lorsque ce coût de production, l'alimentation du bétail, augmente. Même si certaines enseignes continuent de traîner les pieds pour s'y conformer.
Prix de la boîte d'œufs : + 31% en un an
Depuis un an, le prix de la boîte de 6 œufs sans label (ni Bio, ni label Rouge, issus de poules élevées en cage ou en bâtiment fermé de façon permanente) est passé de 1,13 euro à 1,48 euro, au marché de Rungis. Soit une augmentation de 31% pour les œufs au détail, mieux valorisés que les œufs vendus à l'industrie alimentaire.
Des coûts de production bien plus élevés
Mais selon le service de la statistique du ministère de l'Agriculture, les coûts de production pour les éleveurs de poules pondeuses auraient bondi de 90% d'août 2021 à août 2022.
Ainsi, le prix de vente ne suit pas l'explosion des charges. À leurs clients de la grande distribution et de l'industrie agroalimentaire, les producteurs industriels d'œufs réclament 1 centime d'augmentation par œuf. Ce qui revient à une augmentation de 10% du prix de vente des œufs destinés aux fabricants d'aliments industriels (gâteaux, mayonnaise...). "Sinon, notre mouvement va se durcir", prévient l'éleveur costarmoricain.