Gel des recrutements, plan d’économies, fermeture de sites… Sanctionnée mi-juillet d'une amende de 35,5 millions d'euros dans l'affaire du "Cartel du jambon", la Cooperl envisagerait des restructurations.
"Si jamais la Cooperl a fauté ou fraudé, ce n'est pas à ses salariés, qui vont travailler tous les jours, de payer l'addition. Eux n'y sont pour rien !"Voilà en deux mots la réaction de l'intersyndicale de la Cooperl ce jeudi 6 août, au sortir d'une réunion avec la Direction à Lamballe.
Sanctionnée d'une lourde amende dans l'affaire du "Cartel du jambon", la coopérative bretonne envisagerait des restructurations et pourquoi pas des fermetures de sites.
L'affaire du "Cartel du jambon"
Le début de l’affaire remonte au 16 juillet. Ce jour-là, l'Autorité de la concurrence condamne douze industriels du jambon et de la charcuterie à payer une amende de 93 millions d'euros pour des ententes sur les prix entre 2010 et 2013.
"Les industriels concernés se coordonnaient pour acheter moins cher les pièces de jambon auprès des abatteurs ou s'entendaient par ailleurs sur les hausses de prix des produits charcutiers qu'ils entendaient pratiquer auprès des enseignes de la grande distribution, pour leurs marques de distributeurs ou -premiers prix-", expliquait alors l'Autorité de la concurrence.
35, 5 millions d'euros d'amende pour la Cooperl
C’est la Cooperl, le leader francais de la production porcine, 7000 salariés, qui hérite de la plus forte sanction, 35,5 millions d'euros d'amende.
La coopérative bretonne dénonce alors "une manipulation, et une décision qui sanctionne de manière extrêmement lourde un groupe coopératif sur la base d'éléments aussi faux que calomnieux qui ont été créés de toutes pièces par un groupe concurrent".
La Cooperl fait alors appel.
Equilibre financier menacé... Des restructurations envisagées...
Deux semaines plus tard, la direction de la Cooperl a fait savoir à ses salariés que la lourdeur de la sanction, si elle était confirmée, pourrait le cas échéant déboucher sur des restructurations.
Le 28 juillet, à l’occasion d’une réunion du Comité central du groupe à Lamballe, la direction a fait savoir que son équilibre financier était menacé, indique la CFDT sur sa page FB :
"Selon la Direction Générale et suite à la décision de l'Autorité de la Concurrence, les assurances crédits risquent de se désengager, ce qui aura pour conséquence d'accroître un besoin en fond de roulement de l'ordre de 200M€. Ce besoin de trésorerie pourrait compromettre l'équilibre financier du groupe dans un contexte de défiance des banques tant que l'annulation de la décision n'aura pas été prononcée."
Gel des recrutements, plan d’économies, fermeture de deux sites…
Selon la CFDT, "à défaut d'une obtention d’un sursis à statuer et de l'annulation de cette sanction devant la cour d'appel de Paris, la direction estime que la décision de l'Autorité de la concurrence, les oblige à envisager les mesures de restructurations suivantes" :
- Le gel des recrutements et des investissements en cours.
- Un plan d’économies massif qu’ils présenteront dans les prochaines semaines.
- La fermeture de 2 sites industriels pour réduire au plus vite sa surcapacité industrielle du pôle salaison.
Ce jeudi 6 août, les syndicats expliquaient ne pas avoir d'éléments sur les sites potentiellement impactés. De son côté, la Direction de la Cooperl n'a pas souhaité communiquer.