À l'occasion du 100ᵉ anniversaire de la mort de Gustave Eiffel, voici un petit tour de ses réalisations, réelles ou supposées, en Bretagne. Gérald Kergourlay, passionné et spécialiste de l'ingénieur génial, a authentifié les ouvrages dans la région.
L’arrière-arrière-petite-fille de Gustave Eiffel, est la première personne à avoir parlé à Gérald Kergourlay, des phares métalliques conçus par son ancêtre. Elle s'appelle Myriam Larnaudie–Eiffel, elle est la présidente de l’association des descendants de Gustave Eiffel.
Et Gérald Kergourlay est ingénieur et donne des cours à l'Ecam, près de Rennes. Il voulait "faire évoluer son enseignement" et s'est pris de passion pour Gustave Eiffel après avoir lu un livre "emprunté à la bibliothèque", écrit par l'historien Michel Carmona. C'est suite à quelques recherches qu'il découvre un savoir-faire de Gustave Eiffel, totalement oublié jusqu’à la rédaction en 2016, d’une thèse sur les feux de jetée en fer, par un architecte estonien, Indrek Laos.
Des feux de jetée signés Gustave Eiffel
Gérald Kergourlay découvre alors l'existence de 13 feux de jetée en fer puddlé posés en France. "Le fer puddlé, il est brassé pour plus d’homogénéité. Il est ensuite protégé avec de la peinture et devient très résistant, même aux embruns", explique-t-il. Cinq de ces feux de jetée sont toujours debout, à Trouville, Deauville, Menton, Fromentine en Vendée et un dans le Finistère, celui de Moguériec à Sibiril.
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Le phare de Moguériec a été sauvé récemment par quelques passionnés qui ont découvert que l'ouvrage avait été réalisé par Gustave Eiffel : "personne ne savait que c’était du Eiffel, avant qu’il ne soit voué à la destruction", explique Gérald Kergourlay. Les habitants se sont battus pour le sauver et l'un d’entre eux, Arnaud Lampire, a découvert un brevet signé Eiffel.
En Bretagne, des étapes primordiales dans la carrière d'Eiffel
Pour Gérard Kergourlay, la Bretagne a été une terre de conceptualisation, là où Gustave Eiffel a réalisé des ouvrages qui ont été des étapes primordiales… avant la construction de la Tour Eiffel.
Des ponts métalliques ont ainsi été construits par Eiffel en Bretagne, ils étaient sur la ligne de chemin de fer entre Ploërmel et Questembert. Ils n’existent plus, c'étaient des ponts portatifs démontables. "Le premier essai ferroviaire civil mondial de ponts portatifs démontables a été mené en 1885 sur cette ligne".
D'autres constructions signées Eiffel…
Le domaine de Kermezen à La Roche-Jaudy abrite une passerelle métallique, signée par Gustave Eiffel. Elle a été érigée en 1874 à la demande du comte Joseph de Kermel, le propriétaire du château. Celui-ci souhaitait remplacer le pont de bois existant, reliant les jardins du château aux bois et champs situés sur la colline voisine. Un ouvrage qui sera rénové en 2024, il va bénéficier de l'aide du Loto Patrimoine pour sa réfection.
Le pont de Kérisper de la Trinité-sur-mer, aurait peut-être aussi été construit par Eiffel en 1901. Il est postérieur à "Eiffel constructeur, explique Gérald Kergourlay qui n'a pas étudié cet ouvrage, mais il est possible qu'il soit sorti des ateliers [de Gustave Eiffel] à Levallois-Perret". L'ouvrage sera détruit en août 1944, lors du retrait des troupes allemandes.
... ou pas
Il faut savoir que l'on attribue aussi parfois des constructions à Gustave Eiffel… qui n'y est pour rien. Le plus grand "mythe" en Bretagne, c'est le viaduc de Frynaudour à Plourivo dans les Côtes-d’Armor. Jusqu'à très récemment, l'ouvrage a été attribué à Gustave Eiffel, "ce qui est faux", atteste Gérald Kergourlay et même la fiche Wikipédia se trompe...
À l'occasion des 130 ans du pont, Sylvie Donnart a mené l'enquête, explique Gérald Kergourlay. Et grâce à un long travail de recherche, elle a découvert récemment qui a réellement conçu cet ouvrage : David Moïse qui l'a imaginé et Henri Joret qui l'a fabriqué.
Ce pont de Frynaudour est un des points de passage de La Vapeur du Trieux, train touristique, tracté par une locomotive à vapeur, qui assure pendant la saison, de mai à septembre, des trajets aller-retour sur cette ligne.
Un scientifique précurseur
Gérald Kergourlay a mis en lumière une autre facette de Gustave Eiffel. "Toute sa vie, il s’est battu contre le vent. Il a été précurseur sur les prévisions météo. Il avait, par exemple, installé un capteur sur sa villa à Ploumanac’h dès 1903, [une villa qu'il avait lui-même construite pour son fils] c’est peut-être le premier avoir installé un capteur météo."
La maison de Ker Avel à Ploumanac’h n’appartient plus à la famille Eiffel. Depuis 2016, elle est la propriété d'un boulanger-pâtissier.
Pour le spécialiste d'Eiffel, l'homme était un startuper avant l'heure : "il était inventeur, découvreur, chef d’entreprise, meneur d'hommes, communiquant et a écrit beaucoup d’articles scientifiques. Dès qu’on s’intéresse à sa biographie, on voit que c’est un génie."