Plusieurs rassemblements ont lieu ce 17 novembre en Bretagne pour protester contre la dématérialisation quasi systématique des démarches administratives notamment en préfecture.
Saint Brieuc, Quimper et Lorient, Rennes, Lannion. Plusieurs actions et rassemblements ont lieu ce mercredi pour protester contre la dématérialisation des démarches, devenue quasi systématique dans les administrations, notamment dans les préfectures.
Les associations ou collectifs réclament le rétablissement d'un accueil physique pour garantir un accès effectif pour toutes et tous au service public. Ils aimeraient aussi la dotation de moyens supplémentaires dans les services préfectoraux pour réduire les délais de prise de rendez-vous et d’instruction des dossiers.
Plus aucun contact direct avec les préfectures
A Lannion, Philippe Vital est animateur au sein du CSSP (Collectif de Soutien aux Sans-Papiers). 50 à 60 dossiers sont traités par an. Depuis deux ans, il constate que la situation se dégrade en préfecture. "C'est pire depuis l'apparition du Covid, ils ont tout bloqué. On ne peut avoir personne au téléphone. Par mail, les réponses tombent totalement à côté de ce qui est demandé", explique-t-il.
Les prises de rendez-vous en ligne sont censées avoir repris à la préfecture de Saint-Brieuc mais dans les faits c'est impossible. "Déjà il faut avoir un ordinateur et ensuite ça affiche continuellement qu'il n'y a pas de créneaux". Philippe Vital dénonce une situation ubuesque. "On a des personnes pour qui ça traîne depuis deux ans. On maintient les gens dans la précarité parce qu'ils n'ont pas de papiers pour aller travailler".
Alors que le dialogue était inexistant avec la préfecture, le collectif a obtenu un rendez-vous jeudi 18 novembre à 14 h 30.
La prise de rendez-vous en ligne nécessite des capacités difficiles à mobiliser pour des personnes exilées. Il faut une bonne maîtrise de la langue française, des outils numériques, des procédures administratives et l'accès à un équipement informatique. Cette exigence est devenue pour beaucoup une frontière infranchissable imposée par l'administration pour restreindre l'accès au séjour.
MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples)
Certains collectifs parlent de "maltraitance institutionnelle". Ils évoquent le fait que les services sociaux sont de plus en plus nombreux à renoncer à aider pour les démarches et orientent les personnes exilées vers les associations. "Ce n'est pas notre rôle de pallier les carences du service public, ni celui d'organismes privés qui se développent en proposant des prestations payantes", précise le MRAP.
A Quimper, un employeur ne voit pas le bout des démarches. "On a écrit des courriers, on nous dit que ce n'est pas lisible alors qu'on a envoyé le tout dans différents formats. On sent qu'on tire toutes les ficelles pour ne pas accéder aux demandes".
Cela fait un an qu'il essaie d'embaucher un jeune homme qu'il connaît depuis longtemps. "Lui il perd sa vie à attendre, et nous on est face à une forteresse administrative, quelque chose que l'on finance avec nos cotisations. C'est assez incroyable".
Selon les associations, le Conseil d’État a rappelé en 2019 que les dispositions réglementaires ne permettent pas de rendre obligatoire l’accomplissement des démarches administratives par voie électronique, mais qu'une alternative doit être proposée.