EDUCATION. Suzy, l'assistante éducative qui a du chien

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Le reportage de Séverine Breton et Vincent Bars ©France 3 Bretagne

Depuis quelques semaines, le collège Roger Vercel de Dinan dispose d'une assistante d'éducation supplémentaire. Elle se nomme Suzy, elle a 18 mois, et c'est une chienne ! Et si cela peut sembler loufoque, passer quelques heures en sa compagnie permet de mesurer ce qu'elle apporte aux élèves.

Ce matin, sur son emploi du temps, elle ne commence qu’à 10h, alors, Suzy attend patiemment. Et puis soudain, Cheyenne passe la tête dans le bureau du principal du collège Roger Vercel de Dinan. "Bonjour monsieur, on vient chercher Suzy."

La jeune golden retriever lève un œil puis s’extirpe de son coussin moelleux. "Ma Suzy", "Suzy", aussitôt, les élèves entourent la chienne et l’embrassent. 

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Une assistante d'éducation au poil

Suzy est arrivée au collège juste après les vacances de février. Stéphanie Baptiste, AESH (accompagnante des élèves en situation de handicap ) de la classe Ulis du collège avait vu une vidéo sur les réseaux sociaux.

Un établissement scolaire normand avait adopté un chien pour apaiser les élèves. Elle a immédiatement pensé à ceux qu’elle suit au quotidien. Elle en a parlé à sa collègue, au principal… et Suzy a fait sa rentrée dans l’établissement.

Suzy, Cheyenne, Alice et Maud Courcoul, coordinatrice de la classe Ulis, traversent le collège pour rejoindre leur salle où les autres élèves l’attendent impatiemment. La chienne se promène dans les couloirs et passe entre les casiers où sont rangés les cartables, en remuant la queue.

A son entrée, c’est l’explosion de joie. "C’est incroyable l’effet qu’elle a, s’émerveille Stéphanie Baptiste. Les enfants arrivent au collège avec le sourire, la banane parce qu’ils savent qu’elle est là."  Par sa seule présence, elle change l’ambiance de la classe

Alice est la première à s’approcher de l’animal, elle se love contre elle. "Avant, j’avais la flemme de venir au collège, mais maintenant qu’elle est là, je n’ai plus la flemme" confie-t-elle.

Quand un problème de maths pose un vrai problème ou que les mots restent bloqués dans les crayons, c’est un peu comme si Suzy le sentait."Elle se déplace dans la classe et elle vient nous rassurer" commence Cheyenne. "Elle nous calme, après on n’a plus de stress" confirme Alison.

Stéphanie Baptiste et Maud Courcoul le voient tous les jours. "Quand les élèves ont un petit coup de blues, ils s’assoient à côté d’elle sur son tapis, ils la caressent, la cajolent, et ils reviennent s’asseoir plus sereins". Car les élèves des classes Ulis connaissent aussi souvent d’autres difficultés que celles des tables de multiplication. Et là encore, Suzy est là.

La classe Ulis compte onze élèves. Certains souffrent de troubles du développement, de difficultés d’apprentissage, de dyslexie. Mais de tous ces maux, Suzy n’a que faire. Elle s’en moque même complètement. Elle regarde ses petits maitres avec ses grands yeux humides, sans jamais juger. 

"Quand je suis triste ou que ça ne va pas, je lui caresse la tête comme ça, explique Alice en joignant le geste à la parole. Et avec sa petite bouille mignonne, et ses poils tout doux, je me sens mieux."

Une "Suzification" des exercices

 

Quand le petit moment de folie qui salue chaque arrivée de la chienne s’achève, il faut se remettre au travail.  "Vous prenez les livrets Suzy",  propose Maud.

"La chienne est un booster de motivation, sourit l’enseignante. Avec elle, on peut faire plein d’exercices. En maths, on compte les croquettes dont elle aura besoin,  en sciences, on parle de son anatomie,  en français, on peut inventer à quoi elle rêve ou ce qu’elle aimerait faire quand elle sera grande. C’est très motivant pour les élèves de travailler sur elle." 

Le midi, pendant que les élèves filent au self, Suzy a droit à une petite pause dans le bureau du principal puis à une grande balade avec Maud ou Stéphanie qui se relaient pour la promener et pour s’en occuper. S

uzy est en garde alternée, trois semaines chez l’une puis chez l’autre. "Et on la partage pendant les vacances, précisent-elles. C’est toute une organisation". Mais elles ne regrettent rien.   

 

En quelques semaines, l'animal a permis aux adolescents de se sentir mieux. En début d’après-midi, ils vont présenter Suzy à une autre classe. Quelques élèves ont été tirés au sort, ils ont écrit un petit texte : "Suzy est arrivée le 27 février, elle a 18 mois, elle est calme, un peu fofolle". A tour de rôle, devant le tableau, ils prennent la parole.

"Avant, les élèves d’Ulis, on ne les regardait pas toujours bien, constate Nicolas Hérissé, le principal de l’établissement. Depuis que Suzy est là, on les voit différemment : c’est la chienne de tout le collège, mais ce sont eux qui s’en occupent, ils sont enviés, admirés, c’est important pour les aider à reprendre confiance."  

Suzy remue la queue en forme d’acquiescement puis lève un œil malin. Là où elle passe, elle sème sourire et bonne humeur, en échange, elle reçoit des caresses. Une vraie vie de chien !

 

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