Extraction de sable en baie de Lannion : concession limitée accordée par Emmanuel Macron

Le ministre de l'Economie a accordé mardi une concession pour l'extraction de sable coquillier dans la baie de Lannion, de manière limitée et progressive. Une décision désapprouvée par les opposants au projet qui ont quitté la réunion à Bercy avant sa fin. Visionnez les réactions.

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Dans un communiqué, le ministère de l'Economie précise qu'après concertation, Emmanuel Macron accorde la concession «Pointe d’Armor» en garantissant la prise en compte des enjeux environnementaux et socio-économiques. Il précise que "Pour prendre en compte les considérations des parties prenantes locales, le projet a été révisé et encadré avec notamment l’impossibilité d’extraire durant la période estivale". Le communiqué rajoute qu' "il faut être vigilant et démarrer progressivement avec un suivi strict pour pouvoir déceler tout impact imprévu et adapter en conséquence le projet".

Concession accordée selon différentes modalités

- le volume d’extraction sera limité à 250 000 m3 par an maximum contre 400 000 m3 par an envisagé initialement;
- l’extraction sera très progressive les premières années : 50 000 m3 la première année, 100 000 la deuxième année, puis 150 000 pendant les trois années suivantes;
- l’extraction sera interdite durant la période estivale, c'est-à-dire entre mai et août inclus, pour ne pas gêner l’activité touristique. En dehors de ces périodes, la présence du navire sur zone est estimée à deux heures et demie par jour et, au plus, environ 44 jours la première année, 87 jours la deuxième année, 130 jours/an de la troisième à la cinquième année ;
- un état initial environnemental précis sera établi avant le début de l’extraction. Il servira de base à un suivi régulier à travers une commission de suivi réunissant régulièrement les parties prenantes sous l’égide du préfet.

De plus l'arrêté préfectoral ne sera initialement délivré que pour une période d'un an "afin de rendre effectif le suivi des opérations d'extraction et en permettre l'arrêt si nécessaire".

Pas une question de volumes mais de biodiversité selon les associations

Alain Bidal, le président du collectif d'associations "Le peuple des dunes du Trégor", a aussitôt fait connaître son mécontentement. Les opposants au projet ont d'ailleurs quitté la réunion avant sa fin pour manifester leur désapprobation à la décision du ministre. Qu'elle soit limitée ou non, les opposants estiment que ce projet va mettre en péril l'écosystème et la pêche : "Le problème ne réside pas dans les volumes. Dès l'instant où l'on attaque la dune, on attaque la biodiversité". Et d'ajouter "La baie est en danger, non seulement d'un point de vue environnemental, mais aussi sur le plan de l'emploi. Les premiers touchés, ce seront les pêcheurs professionnels"
Interviewé : Alain Bidal, président association "Le peuple des dunes"
Le président de l'association a tenu à rappeler que toute la région de Lannion était vent debout contre ce projet. Une manifestation en janvier avait rassemblé entre 4 500 et 7 000 personnes contre l'extraction de sable

Une extraction au large pour les élus

Les élus de Lannion-Trégor communauté ainsi que plusieurs parlementaires de la région, opposé également à l'exploitation de ce sable coquillier, regrettent que leur proposition de repousser plus au large ce projet, n'est pas été entendue. Ils reconnaissent néanmoins que la concession minière accordée est accompagnée de contraintes "limites acceptables" pour l'exploitant.
Joël Le Jeune, président de Lannion-Trégor Communauté


L'exploitant satisfait de la décision

La Compagnie Armoricaine de Navigation (CAN), filiale du groupe breton Roullier, avait présenté en 2009 une demande d'exploitation des sables coquilliers marins en baie de Lannion qui prévoyant l'extraction chaque année, pendant 20 ans, de 400.000 m3 de ce sable destiné à amender les terres agricoles afin de diminuer leur acidité.

A l'issue de plus de 5 ans d'attente pour le permis d'exploiter, la société s'est montrée satisfaite de la décision du ministre, la considérant comme "sage". Malgré les multiples contraintes imposées, le projet reste "viable". 
Interviewé : Bernard Lenoir, directeur de développement Compagnie Armoricaine de Navigation

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