Après 7 jours d'enquête et de recherches, les enquêteurs n'écartent aucune piste depuis que l'adolescente a quitté le domicile familial le lundi 25 novembre. La découverte d'un papier froissé, des précisions sur sa personnalité : le procureur dévoile les premiers éléments de l'enquête qui se poursuit.
Ce qu'il faut savoir
Suite à la disparition de Morgane Rivoal, 13 ans, à Pabu près de Guingamp dans les Côtes d'Armor, les interrogations restent nombreuses. L'adolescente, qui n'avait jamais fugué, a quitté le domicile familial le lundi 25 novembre pour se rendre au collège. Sur fond de conflit familial, elle avait annoncé sur les réseaux sociaux qu'elle n'irait pas en cours.
Le procureur a dévoilé quelques éléments de l'enquête afin de préciser les faits véritables sur l'état actuel de l'enquête.
"Papa maman, désolé je pars"
Un papier froissé a été retrouvé dans une corbeille de son domicile familial. Dessus il était noté "Papa maman, désolé je pars" a annoncé le procureur. Depuis le début de l'enquête"110 auditions de témoins ont été effectuées" précise Nicolas Heitz, " des auditions des parents, de l'entourage familial, amical, scolaire et sportif de Morgane".
Le procureur a dévoilé que l'usage des réseaux sociaux par Morgane était au cœur d'un conflit avec ses parents. "Son père a cassé le téléphone de Morgane en le jetant au sol. Les différends entre Morgane et ses parents prenaient toujours leur source dans l'utilisation trop importante de son téléphone portable et des réseaux sociaux par Morgane".
Harcèlement et réseaux sociaux
D'après les auditions de ses camarades de classe, "une certaine tristesse était notée chez Morgane. Elle aurait tenu des propos inquiétants. Elle se serait infligé des scarifications" évoque le procureur de Saint-brieuc, Nicolas Heitz.
À ces professeurs de tennis, elle avait avoué avoir été victime de harcèlement l'année passée. Une hypothèse confirmée par une intervenante au collège.
D'après ses proches, Morgane passait beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. Alors que ces parents ne le savaient pas, elle possédait deux comptes Tik Tok. Le procureur a précisé que Morgane "avait pu entrer en relation avec des individus plus âgés rencontrés sur les réseaux sociaux".
Un homme de 21 ans, vivant dans la Drôme a été mis en garde à vue, "il avait créé un compte Snapchat au profit de Morgane. Des perquisitions ont permis de retrouver des images pédo-pornographiques ne concernant pas Morgane".
Une amie de Morgane a indiqué que l'adolescente aurait prévenu sur les réseaux sociaux qu'elle ne viendrait pas au collège le lundi de sa disparition.
La conférence du procureur en vidéo
21 dispositifs de caméras de surveillance saisis
Alors que la gare de Guingamp, ville mitoyenne à Pabu où vivait la jeune adolescente, ne dispose pas de caméras de surveillance, les images de 21 caméras de surveillance des gares de Rennes, Saint-Brieuc ou Brest ont été mises à la disposition des enquêteurs.
Afin de retrouver Morgane, des enquêteurs spécialisés en nouvelles technologies travaillent sur l'enquête, dont les équipes de Pontoise près de Paris.
Ligne téléphone et mail pour toutes pistes
Une ligne téléphonique est dédiée à cette enquête a précisé le procureur. En faisant le 17, tous les appels sur Morgane seront redirigés. De plus un mail peut permettre également de contacter les enquêteurs : morgane@gendarmerie.interieur.gouv.fr
Le procureur Nicolas Heitz a annoncé qu'après 8 jours d'enquête, une information judiciaire allait être ouverte ce mardi 3 décembre pour nommer un juge d'instruction qui aura autorité sur cette enquête.
L'enquête de terrain
Depuis sa disparition, d'importants moyens de recherche ont été déployés, dont une importante battue qui a réuni près de 800 personnes jeudi dernier.
Le colonel Privat, présent aux côtés du procureur, a détaillé l'ampleur des recherches effectuées lors de premiers jours de la disparition. "La campagne, les bois, la rivière du Trieux, les plans d'eaux aux alentours", tous ces points précis ont été inspectés par des brigades spécialisées.
L'enquête est soutenue par de très nombreux moyens humains et techniques : 800 personnes pour une battue, des plongeurs pour sonder la rivière, un hélicoptère, des opérations de contrôle sur la zone et le soutien des enquêteurs du département et de Rennes. Elle a continué ce week-end avec des enquêtes de voisinage et des recherches sur le terrain.
Un conflit sur fond d'utilisation des réseaux sociaux
Le procureur a souligné qu'une crise familiale s'était déclenchée, au cours du week-end avant l'annonce de la disparition, marquée par un différend opposant Morgane, à ses parents, en particulier autour de son utilisation des réseaux sociaux. Son père ayant cassé le téléphone portable de l'adolescente et lui ayant pris sa carte SIM.
Morgane est restée au domicile familiale avec ses jeunes frères et sœurs le dimanche 24 novembre. Son père travaillait à l'extérieur. Quand elle est partie pour le collège le collège à 7h15, le lundi 25 novembre, ses parents ne l'ont pas vu partir mais ils l'ont entendu dire au revoir "comme à son habitude".
Les parents de Morgane ont été avisés par le collège de son absence aux alentours de 9 heures 30, lundi. Depuis l'enquête est ouverte.
Les parents confient leur angoisse
La mère de Morgane, Aurore Rivoal, s'est confiée sur le sujet de la dispute familiale qui a eu lieu, entre les parents et leur fille, durant le week-end précédent la disparition."Les réseaux sociaux, c'était le sujet de notre dispute. On lui a enlevé son téléphone, il a été cassé, mais nous n’avons jamais exercé de violence sur notre fille. Que les choses soient claires, dit-elle. C’était une dispute, comme on en a déjà eue."
Lors de notre échange avec les parents de Morgane, ils nous ont expliqué vivre depuis dans l'angoisse : "On ne comprend pas pourquoi elle est partie. On est à bout, on ne dort plus. On ne mange plus. C’est long d’attendre sans réponse".
Retrouver ci-dessous notre direct commenté, minute par minute, de la conférence de presse du procureur.