Ce 25 juillet, deux médecins costarmoricains ont écrit à Emmanuel Macron. Ils s'étonnent que le Président ait annoncé un sursis de deux ans à la fermeture de la maternité de Guingamp. Pour eux, cette décision fragilise les hôpitaux de Guingamp et de Lannion.
Dans cette lettre adressée au Président de la République et publiée dans Libération, ce mercredi 25 juillet, deux médecins des Côtes d'Armor disent leur inquiétude suite à la décision d'Emmanuel Macron de revenir sur la fermeture de la maternité de Guingamp, et cela "contre la décision de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Bretagne mais aussi contre celle de votre ministère de la Santé".
Ces deux médecins sont le Docteur Benoît Moquet; président, et le Docteur Cynthia Garignon, vice-présidente de la commission médicale d’établissement du centre hospitalier de Saint-Brieuc (établissement support du GHT d’Armor regroupant les centres hospitaliers de Guingamp, Lannion, Paimpol, Saint-Brieuc, Tréguier et le centre hospitalier du Penthièvre et du Poudouvre).
En ne fermant pas la maternité, on condamne l'offre hospitalière publique de tout le département
Ils regrettent que cette décision vienne "enterrer tout le projet de restructuration du groupement hospitalier d’Armor et toute chance de structurer une offre publique hospitalière de qualité, bien organisée et efficace sur le département des Côtes-d’Armor. En pratique, on fragilise l’hôpital de Guingamp qui entraînera dans sa chute celui de Lannion." Le groupement hospitalier d’Armor est une structure mise en place en 2016 par l’Agence régionale de santé (ARS) pour favoriser la coopération entre les hôpitaux publics autour d’un projet médical commun, il regroupe les centres hospitaliers de Guingamp, Lamballe, Lannion-Trestel, Paimpol, Quintin, Saint-Brieuc et Tréguier.
Dans leur lettre, les deux médecins expliquent que "la fermeture de la maternité était, en effet, l’indispensable premier épisode de cette restructuration". L'objectif était de faire du plateau technique de Guingamp "un pôle d’excellence de chirurgie programmée et ambulatoire pluridisciplinaire" et "de transférer vers l’hôpital de Lannion l’activité chirurgicale non programmée et l’activité non-ambulatoire, d’y concentrer la permanence des soins et de renforcer sa maternité".
Enfin ils dénoncent le coût que l'organisation des soins actuelle coûte. "Chaque année, [c'est] 20 millions d’euros de déficit structurel, soit la moitié du déficit de l’ensemble des centres hospitaliers bretons". La moitié de ces dépenses, selon eux, servent à assurer "l’intérim médical, pour maintenir partout des plateaux techniques fragiles avec une activité diluée. Ils dénoncent les salaires versés à ces médecins "mercenaires" et "intérimaires "qui empêchent toute dépense d’investissement pour d’autres projet".
D'autres professionnels de santé s'étaient déjà exprimés
Depuis l'annonce du sursis de deux ans pour la maternité de Guingamp, l'ARS n'a pas souhaité s'exprimer. Il y a une dizaine de jours, l'Agence régionale de santé avait déjà reçu le soutien de la conférence des présidents de CME, la Commission médicale d'établissement constituée de professionnels de santé. Dans un communiqué, cette dernière soulignait le manque de médecins dans certaines spécialités, le coût du recours à l'intérim et dans certains cas, les insuffisances professionnelles, arguments à nouveau prononcés par les deux médecins costarmoricains aujourd'hui.