Sursis de deux ans pour la maternité de Guingamp: que comprendre ?

Qu'y a-t-il derrière les annonces ? C'est la question que se posent les salariés de la maternité de Guingamp (22) après la promesse d'un sursis de deux ans. La maternité devait fermer au 1er février prochain mais l'Elysée a promis, ce jeudi, de redonner une chance au service. 

"Six mois ou deux ans... cela reste un sursis quand même".

Pas d'effusion de joie au centre hospitalier de Guingamp (Côtes-d'Armor), ce jeudi, à l'annonce d'un nouveau report de la fermeture de la maternité.
 

Méfiance...


Le service devait cesser son activité pour le 1er février 2019. Une échéance encore confirmée par l'ARS (Agence régionale de santé) de Bretagne, il y a tout juste une semaine. Mais le député LREM de la circonscription, Yannick Kerlogot, a annoncé qu'un délai supplémentaire de deux ans était accordée sur décision de l'Elysée.

Bien des salariés, qui se sont fortement mobilisés ces dernières semaines, restent circonspects pour ne pas dire franchement méfiants.
 

Un délai supplémentaire pour mieux préparer la fermeture ?


Emmanuelle Morvan, auxiliaire de puériculture à la maternité, y voit un moyen de "gagner du temps pour consolider un dossier, [que l'administration] ne maîtrisait pas. Peut-être aussi s'agit-il de nous fixer des objectifs un peu plus difficile à atteindre. En n'oubliant pas que nous, de notre côté, nous réclamons depuis plus de vingt ans un pédiatre."
 

"Encore un an et demi d'angoisse"


"Deux ans, ça passe très vite, renchérit de son côté Karen Boualègue, infirmière puéricultrice. Sachant que c'est deux ans à compter de la fermeture initialement prévue c'est à dire mai 2018"... ce qui mettrait l'échéance à mai 2020. "Ça veut dire vivre encore dans l'angoisse de l'incertitude en se disant que dans un an et demi, c'est reparti! Est-ce qu'ils [NDLR: l'ARS] ne vont pas en profiter pour nous demander des conditions qu'on ne peut pas mettre en place, par exemple un pédiatre 24h/24... ce qui, au passage, n'est pas le cas dans beaucoup de maternités."

Au terme de ces deux années, « un bilan sera établi avec la communauté médicale. Et la décision finale sera prise », a précisé Yannick Kerlogot.

Loin d'apaiser les inquiétudes, l'annonce de ce nouveau sursis lance surtout de nouvelles questions.
 
- extrait Vélo Club 14 juillet - Yannick Kerlogot, député LREM des Côtes d'Armor - Emmanuelle Morvan, auxiliaire de puériculture Maternité de Guingamp - Karen Boualègue, infirmière puéricultrice Maternité de Guingamp ©France 3 Bretagne

Ce jeudi l'ARS n'a pas souhaité s'exprimer au sujet de la décision de l'Elysée.

La semaine dernière, l'agence avait reçu le soutien remarqué de la conférence des présidents de CME ( commission médicale d'établissement) constituée de professionnels de santé. Dans un communiqué, cette dernière soulignait le manque de médecins dans certaines spécialités, le coût du recours à l'intérim et dans certains cas, les insuffisances professionnelles. Constatant que "faute de sécurité suffisante, le maintien de la maternité de Guingamp n'est plus tenable ". 
 

La mobilisation continue



Bref, pas de quoi faire fléchir la mobilisation des défenseurs de la maternité.  Après la manifestation qui a rassemblé 2.500 personnes le 30 juin à Guingamp, une marche symbolique entre les maternités de Guingamp et de Carhaix est notamment prévue en septembre 2018.
 
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