"L'invention d'une histoire vraie", c'est le titre de l'exposition photographique proposée par le Centre d'art GwinZegal de Guingamp. Le fruit du travail mené depuis cinq ans par deux artistes qui ont décidé de réaliser un atlas des régions naturelles. Un regard sur la France au-delà des clichés de cartes postales.
Les photographes Éric Tabuchi et Nelly Monnier sillonnent la France depuis 5 ans avec l'envie de donner à voir les 450 régions naturelles du territoire. Leur collecte représente aujourd'hui 22 500 photos. Un pan de leur travail est présenté en ce moment au centre d'art GwinZegal de Guingamp.
"Les régions naturelles, ce sont des espaces géographiques qui datent du XVIIIème siècle, avant la Révolution, qui font quelques dizaines de km². Ce sont des espaces appréhendables par l'homme parce qu'ils sont plus petits qu'un département ou un région. Ce genre d'espace est vraiment lié à la nature des sols : l'argile, le granit. C'est important parce que cette nature des sols, on la retrouve dans la nature des constructions des habitation" rappelle Jérôme Sother, directeur artistique de GwinZegal.
Nelly Monnier a aimé joué avec l'invisible. "Ces régions naturelles, ce qui est intéressant c'est que leurs frontières sont beaucoup moins définies, elles sont très très floues. On en parle à l'oral, parce qu'on n'a pas de documents qui attestent véritablement de frontières terrestres".
Le projet est assez fou parce qu'en fait il consiste à photographier toute la France. Elle a beaucoup été photographiée mais c'est souvent les mêmes endroits, c'est Paris, la Côte d'Azur, la Normandie. Sauf qu'on se rend compte que la France c'est un pays énorme et qu'il y a des milliers de lieux qui sont très peu photographiés
Jérôme Sother, directeur artistique de GwinZegal
Une douzaine de régions naturelles en Bretagne
Dans cette exposition. La Bretagne est mise en avant grâce à une centaine de clichés, et pas seulement de ses rochers.
Les deux photographes ont des "obsessions", avec des typologies relève Jérôme Sother. "Dans la région, ils ont photographié tous les amers (repères sur terre pour les marins), les menhirs, ils ont aussi eu envie de représenter le bâti", note-t-il. Le duo veut donner de l'existence à des territoires jamais traversés par les touristes.
"Notre idée de base, c’est de faire bouger la ligne de ce qui appartient au registre du beau et du laid. Pour nous, il n’y a pas de hiérarchie entre un château, une église, un supermarché ou une station-service. La beauté proclamée et entretenue a tendance à nous ennuyer", avait expliqué Eric Tabuchi, au journal Le Monde (article payant).
L'exposition "L'invention d'une histoire vraie" est à voir jusqu'au 6 février 2022. Un livre est également disponible, un premier volume de l’Atlas des Régions Naturelles. 2000 exemplaires ont déjà été vendus, une seconde édition est en cours.
Les deux photographes continueront eux de prendre la route. Ils ont évalué à dix ans le temps qu'il leur faudrait pour mener à bien leur projet.