Huit jeunes de l'EPIDE (établissement pour l'insertion dans l'emploi) de Lanrodec dans les Côtes-d'Armor sont venus prêter main-forte aux serristes dont les installations ont été dévastées lors du passage de la tempête de Ciaran. Reportage chez des exploitants de Ploubazlanec.
Triste spectacle dans les champs d'Anne-Marie et Pierre Le Rolland. La tempête Ciaran et ses rafales à plus de 140 km/h ont fait des ravages dans leurs serres installées sur la commune de Ploubazlanec, dans les Côtes-d'Armor. Au total, ce sont 3.500 mètres carrés de tunnels qui ont été touchés.
Le bruit des bâches qui claquent
La vue, mais aussi le bruit de ces dégâts pèsent depuis sur le moral du couple dont la maison jouxte l'exploitation : "Notre maison est juste à côté, explique Anne-Marie Le Rolland, épuisée. Les bâches, qui sont prises dans le vent, tapent du matin au soir. Ces bruits sont épuisants."
Une semaine après le passage de la tempête, une petite dizaine de jeunes sont donc venus leur prêter main-forte. Objectif : enlever ces bâches qui ne cessent de claquer, démonter les tubes qui forment les structures. "Il y a du boulot, confirme Lucas Thomas. Comme les sept autres, il s'est porté volontaire : "J’adore aider les gens, je me suis dit que c'était une bonne chose de venir aider ceux qui en avaient vraiment besoin."
Tous acteurs du territoire
"Cela fait partie de leur parcours citoyen, complète Amélie Le Goff, la directrice de l'EPIDE, l'établissement pour l'insertion dans l'emploi de Lanrodec, où ces jeunes de 18 à 25 ans sans diplôme sont en insertion. "La solidarité, le savoir-vivre ensemble, venir en soutien des personnes qui sont en grande difficulté, ça fait partie des valeurs qu'on promeut auprès des jeunes" souligne-t-elle.
Cette journée de solidarité a été mise en place avec la coopérative des Maraîchers d'Armor et la sous-préfecture qui a sollicité l'EPIDE. "Des maraîchers m'ont fait part de leur désarroi et de la nécessité d'intervenir de façon urgente pour au moins sauvegarder certaines plantations, confirme le sous-préfet de Guingamp Serge Delrieu.
Course contre le temps
Le temps, une notion clé pour Hubert Jacob : "Si on ne donne pas de l'espoir tout de suite, évidemment dans quelques jours, le moral sera descendu dans les chaussettes... On a l'expérience : les bâtiments tombés à terre et qui n'ont pas été déblayés rapidement, ça devient une friche industrielle."
Le responsable de la coopérative des Maraîchers d'Armor sait combien il est important de redonner de l’espoir aux agriculteurs dans ces périodes difficiles. Ce que confirme d'ailleurs Anne-Marie en voyant les huit jeunes s'activer. "Rien qu’aujourd’hui, en 3 heures, ils ont tout débâché. C'est déjà énorme pour nous parce que déjà on n'entendra plus ces bâches. Un grand merci, c’est énorme" termine la maraîchère.
D'autres journées de mobilisation de ce type devraient suivre, au plus grand soulagement des exploitants.
Pas de procédure de calamités agricoles
Quant à la procédure de calamités agricoles engagée dans le Finistère, elle ne concerne pas pour l'heure les autres départements bretons : "C'est un dispositif juridique assez délicat à mettre en place, justifie le sous-préfet de Guingamp. Ce dispositif correspond à des critères extrêmement stricts, il faut regarder les causes. Dans le Finistère il y a l'eau en plus du vent."
Pas de procédure de calamité agricole dans les Côtes d'Armor donc, mais "nous aurons sûrement l'indemnité de solidarité nationale qui pourra jouer, complète Serge Delrieu. Il faudra pour cela établir une perte de récolte de 50%. Il est possible qu'à la fin, on se rende compte qu'il y a des trous dans la raquette et qu'il y a besoin d'un dispositif plus exceptionnel. Le préfet a fait remonter ses observations."
(Avec Fabrice Leroy)