La tempête Ciaran a causé de très gros dégâts sur les exploitations de production de tomates et de fraises du Finistère. Les maraichers sont inquiets pour la saison prochaine.
Depuis que Ciaran a balayé le Finistère, il pleut dans l'un des trois serres de Guillaume et Adrien Quentel, producteurs de tomates à Brest. Le sol est jonché de débris de verres. " Il manque 300 carreaux qu’on n’a pas sur notre serre, alors qu’elle doit être plantée dans 15 jours" constate inquiet Guillaume.
Réparer au plus vite pour sauver la production 2024
Par chance, le constructeur hollandais de serres a pu faire partir ses équipes en urgence vers la Bretagne pour procéder aux réparations. Mais il faut faire vite, car les plantations de tomates doivent se faire mi-novembre.
"Il faut compter 10 jours par hectare de travail. Ça va être une course contre-la-montre, explique Adrien. On croise les doigts pour que la saison se passe bien, mais ça ne va pas être si simple que ça".
Les dommages financiers ne sont pas encore chiffrés. Sur la centaine d'exploitations qui travaillent pour la coopérative Savéol, les 3/4 ont subi de la casse. La saison 2024 pourrait bien être impactée.
"Il y a un enjeu de souveraineté alimentaire et de production, commente le président de la coopérative Savéol. On va voir, aussi, la volonté de certains producteurs de repartir ou pas, au vu du préjudice subi. Car au-delà du préjudice financier, il y a aussi un préjudice moral qui est important" ajoute Pierre-Yves Gesten.
Le président de la coopérative assure cependant qu’elle fera tout pour accompagner les producteurs qui sont dans la difficulté, "tant sur le plan de gestion de la main-d’œuvre, que sur l’aspect financier".
Les serres plastiques ravagées et des producteurs de fraises inquiets
La production de fraises panse aussi ses plaies. Bâches arrachées, arceaux tordus de façon spectaculaire. Sur la presqu’île de Plougastel, les tunnels plastiques ont été dévastés.
C’est un énorme coup dur pour les fraisiéristes, car contrairement aux serres en verre, leurs serres en plastique ne sont pas assurées, du fait de cotisations prohibitives.
Aude Burger, agricultrice bio, va devoir assumer des milliers d'euros de frais. "Je pense que l'année prochaine, on va être à l’économie. On va tourner sur une surface moindre et on va essayer de remplacer au fur et à mesure, anticipe la productrice de fraises. On ne va pas pouvoir faire ce qu’on avait prévu, ça c’est sûr. Ce sont les risques du métier, mais on s’en serait bien passé" commente-t-elle, dépitée.
Les fraises doivent être plantées début décembre. Si les serres ne sont pas remises en état d’ici là, les fruits de Plougastel seront moins nombreux sur les étals au printemps prochain.
Les producteurs attendent désormais un coup de pouce financier, en provenance du fonds de calamités agricoles qui a été annoncé par le Président de la République, ce vendredi 3 novembre, à Plougastel.
(Avec Claire Louet et Arthur Connanec)