La procédure de calamités agricoles a été engagée dans le Finistère ce lundi 6 novembre 2023. De leurs côtés, les agriculteurs se disent "désemparés" et "dans le flou le plus complet" sur la suite. Ils ont pu poser de nombreuses questions aux autorités ce mardi lors d'une réunion. Des questions pour le moment sans réponses. Des mesures d'urgence sont demandées.
"Le préfet du Finistère a engagé dès le lundi 6 novembre la procédure de calamités agricoles" annonce la préfecture dans un communiqué de presse. La promesse du président de la République, en déplacement en Bretagne en fin de semaine dernière suite à la tempête Ciaran, de faire reconnaître l'état de catastrophe naturelle et de calamités agricoles "partout où on pourra le faire" semble prendre forme progressivement.
Le préfet a également réuni, le 7 novembre, les acteurs agricoles et leurs partenaires "pour consolider un premier état des dégâts engendrés, identifier les moyens d’indemnisation adaptés et faire remonter les cas d’insuffisances de ces moyens." La préfecture précise également qu'elle traite les difficultés que rencontrent les filières conchylicoles et forestières.
Dans le même temps, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a annoncé que le comité interministériel dédié à l'état de catastrophe naturelle se réunira le 14 novembre. Le décret paraîtra dans les jours qui suivent.
"Les agriculteurs sont dans une grande détresse"
"Nous sommes allés voir tous les agriculteurs touchés pour relever ferme par ferme les dégâts qu'ils ont subis, explique Dominique Cap, le président de l’Association des maires du Finistère. Nous sommes dans le factuel. Les élus et techniciens sont sur le terrain auprès des agriculteurs qui sont aujourd'hui dans une grande détresse."
Un bilan global des dégâts dans les exploitations agricoles du Finistère devrait être bientôt prêt. Il sera envoyé au gouvernement avant la fin de cette semaine. Le représentant des maires finistériens entend accompagner les dossiers d'indemnisation jusqu'au bout.
L'élu a déjà prévu de suivre avec attention la réunion du comité catastrophe naturelle du 14 novembre. Autre étape importante : le 66e congrès de Légumes de France qui se tiendra les 16 et 17 novembre 2023, à la Sica à Saint-Pol-de-Léon. Le ministre de l'Agriculture y sera présent. Et chacun pourra donc discuter de l'avancement des dossiers.
"On est dans le flou"
Sur le terrain, les maraîchers et les éleveurs rencontrés disent être "dans le flou" sur les procédures d'indemnisation. Un peu perdus pour comprendre comment procéder et s'y retrouver sur les démarches à entreprendre entre l'état de catastrophe naturelle et celui de calamités agricoles...
"Est-ce qu’on pourra être reconnu catastrophe naturelle ?, s'interroge Marc Kerangueven, président de la Sica Saint-Pol-de-Leon, une coopérative de producteurs de légumes et d'horticulteurs. Olivier Véran dit oui. Je veux bien. Mais aujourd’hui j’ai l’impression qu’il y a un problème juridique."
La tempête n’est pas une catastrophe naturelle. Il faut être un ouragan ou une inondation. Est-ce qu’on va être reconnu ouragan ? Est-ce qu’il faut changer la loi ? Ça va prendre du temps
Marc Keranguevenprésident de la Sica Saint-Pol-de-Leon
"De plus en plus on nous dit calamité, ajoute le président de la Sica Saint-Pol-de-Léon. Ce n’est pas la même aide financière. Et cela ne prévoit rien pour les outils de production détruits."
Des constats, des questions, pas encore de réponses
Marc Kerangueven était présent à la réunion à la préfecture du Finistère de ce mardi. "On a fait beaucoup de constats, relate-t-il. C'était nécessaire avant de pouvoir prendre des décisions. On a aussi pu poser beaucoup de questions." Des questions qui restent pour le moment sans réponses. "J’ai le sentiment qu’on a été écoutés et entendus, note le président de la Sica. J'espère avoir des réponses rapides en fin de semaine ou au plus tard en début de semaine prochaine. Il faut que ça aille vite."
"Les serres ont toutes été touchées, décrit Marc Kerangueven. Plus elles sont en bord de côte, plus elles sont dégradées. Pour les serres en verre, on est sur 200 à 300 carreaux brisés en moyenne par exploitation. Pour les abris froids : 75% des outils ont été touchés. 50% sont totalement détruits. Les 25% restants, c’est du rabâchage."
"Les dommages causés par le vent sont bien pris en compte dans cette procédure de calamité agricole. Seuls les agriculteurs qui ont des pertes de fond (petits tunnels, arbres fruitiers....) seront indemnisés", nous précise la préfecture du Finistère.
La région Bretagne a annoncé de son côté des mesures de soutien dont la mise en place d’un appel à projet d’un million d’euros pour réaliser les travaux dans les exploitations agricoles non couvertes par les assurances. En effet, certaines serres ou abris en plastique ne sont pas assurés.
"Il faut être plus offensif, la situation est très grave."
"Il faut que l'état de catastrophe naturelle soit décrété au niveau départemental pour le Finistère et les Côtes-d'armor, espère Mélanie Thomin, la députée du Parti socialiste de la circonscription de Carhaix- Châteaulin. Pour que tout le monde soit indemnisé : toutes les filières, les entreprises, les communes, les particuliers."
La députée a interpellé le gouvernement ce 7 novembre à l'Assemblée nationale. En réponse, Olivian Véran a annoncé cette date du 14 novembre avec la réunion du comité catastrophe naturelle. Insuffisant et trop lent selon l'élue d'opposition.
Députée du Finistère rural, j'ai interpellé le @gouvernementFR à l'@AssembleeNat sur l'urgence d'accompagner les exploitations agricoles sinistrées par la #TempeteCiaran @EmmanuelMacron doit tenir ses promesses !@socialistesAN @LoigCG @senateursPS @ChambagriBzh @Prefet29 https://t.co/PA3jGTvMxU
— Mélanie THOMIN, députée du Finistère (@Mel_Thomin) November 7, 2023
"Il faut être plus offensif. La situation est très grave, continue-t-elle. Le président de la République a fait des annonces très fortes mais je ne pense pas qu'il comprenne avec le gouvernement l’urgence économique de la situation pour les agriculteurs." La députée s'interroge sur les conditions techniques d'attribution des indemnisations. "C'est très technique et complexe et il faut que l’état soit au rendez-vous."
(Avec Amandine Plougoulm)