Se retrouver au bistrot du coin pour papoter sur le bien vieillir, c'est l'initiative menée par un Ehpad de Guingamp en direction des personnes âgées. Un premier rendez-vous a eu lieu ce 12 janvier. Isolement, solitude, déplacements dans la ville, autant de thèmes abordés pour faire émerger des propositions.
"C'est pas bien d'être vieux ?" interroge cette dame. "Si, c'est bien, répond une autre. On est bien obligés" ajoute-t-elle en souriant. Dans ce bar à vins du centre-ville de Guingamp, une petite dizaine de personnes âgées se retrouve pour participer au premier café-papote initié par l'Ehpad de Kersalic et le centre communal d'action sociale (CCAS).
Bien vieillir
Pendant près de deux heures, ces aînés, qui habitent tous le même quartier, sans forcément se connaître, vont prendre la parole, échanger sur le bien-vieillir. Dire ce qu'ils ont sur le cœur. Et partager un bon moment.
La discussion glisse vers les déplacements dans cette petite bourgade des Côtes-d'Armor. "Avec toutes les trottinettes qui circulent, ce n'est pas forcément évident de marcher en ville" observe cette femme.
Sa voisine enchaîne sur l'isolement. "Ce n'est pas facile tous les jours d'être toute seule" lâche-t-elle. L'animatrice du groupe lui demande si elle a le sentiment qu'il y a beaucoup de solitude chez les personnes âgées. "Oh oui, certainement" soupire-t-elle.
Créer du lien
L'objectif de ce café-papote n'est pas seulement de lister "les doléances", ainsi que le rappellent les organisateurs, mais aussi de savoir comment ces habitants perçoivent leur place dans la ville et de créer du lien.
"Ce n'est pas naturel d'aller voir son voisin dans notre culture, de dire 'tiens, salut, j'habite dans le quartier, on boit un café ?', relève Mickaël Quelen, animateur-coordinateur de la vie sociale à l'Ehpad de Kersalic. Quand on a un certain âge, on a parfois déménagé plusieurs fois. Renouer du contact, c'est faire le deuil du déménagement précédent et de ce qu'on a laissé derrière soi".
Ces rendez-vous hebdomadaires visent également à sortir du déni sur le vieillissement. "Très peu acceptent de dire qu'ils vieillissent, observe Geneviève Guy, psychologue. Ils remettent le sujet à plus tard. Ils disent 'oui d'accord, mais je ne suis pas encore âgé, on en parlera quand je serai très très vieux'. Libérer la parole sur ça, c'est important".
Le prochain café-papote aura lieu ce 19 janvier, à Guingamp.
(Avec Julien Dubois)