Après sa sortie sur Zinedine Zidane, les accusations de comportements sexistes et la durée de renouvellement du contrat de Didier Deschamps, Noël Le Graët est sur un siège éjectable. Le Breton joue sa place ce matin devant le comité de la Fédération Française de Football.
Sous pression après ses propos polémiques sur Zinédine Zidane et la diffusion d'un témoignage sur ses comportements sexistes, Noël Le Graët va devoir s'expliquer ce mercredi 11 janvier devant le Comité exécutif de la FFF, une réunion potentiellement cruciale pour son avenir à la tête de l'instance.
Cette convocation du "gouvernement" de la Fédération française de football, décidée par un président fragilisé, est censée lui permettre de riposter aux diverses interrogations et critiques internes, mais aussi de prendre le pouls de sa garde rapprochée.
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Le Comex, prévu à 11h00 au siège du boulevard de Grenelle, à Paris, sera l'occasion pour le dirigeant de 81 ans, en poste depuis 2011, d'évoquer plusieurs sujets brûlants, comme la récente prolongation du sélectionneur Didier Deschamps, ses déclarations controversées envers l'icône Zidane et la mission d'audit lancée par le ministère des Sports, pour laquelle Le Graët a été entendu ce mardi.
Les ennuis s'accumulent en effet pour l'ancien maire socialiste de Guingamp. Et les membres de l'organe décisionnaire de la Fédération (14 en comptant le président) ont peu goûté les derniers épisodes qui écornent sérieusement l'image de l'institution et laissent planer le doute sur la capacité de son patron à aller au bout de son troisième et dernier mandat complet, dont le terme est prévu en décembre 2024.
Le dérapage sur Zidane et comportements sexistes
Le Comité exécutif n'a pas apprécié d'apprendre samedi le renouvellement de Deschamps à la tête des Bleus jusqu'en 2026 en pleine Assemblée générale, comme les autres participants, un sujet qui n'avait pas été abordé lors de sa réunion, la veille. La sortie irrespectueuse de Le Graët à l'égard de Zizou, dimanche sur RMC, a également embrasé le football français et suscité de nombreuses réactions indignées.
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Le Breton s'est excusé lundi, via un communiqué transmis à l'AFP, mais il devra de nouveau en répondre devant le Comex. Le témoignage de l'agente Sonia Souid, en l'accusant directement d'avances à répétition, n'a fait qu'accabler encore un peu plus le président octogénaire alors que sa gestion, ainsi que celle de sa directrice générale Florence Hardouin, et ses comportements sexistes supposés, notamment auprès d'anciennes salariées, font l'objet d'une mission d'audit et de contrôle diligentée par la ministre des Sports.
Les conclusions de cet audit sont attendues fin janvier, mais des premiers éléments ont d'ores et déjà fuité. France Inter a ainsi révélé que "plusieurs femmes" avaient "dénoncé (...) l'attitude de Noël Le Graët à leur égard", ce qui a été confirmé à l'AFP par une source proche du dossier. Selon la radio publique, une ancienne cadre a "montré aux inspecteurs des textos et des messages WhatsApp" qui "ne sont certes pas illicites mais (...) posent question compte tenu du lien hiérarchique".
Les "sorties de route" de Noël Le Graët
C'est dans ce contexte explosif que la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a eu des mots très durs envers Le Graët, lundi, au cours d'une conférence de presse où elle a pointé des "sorties de route" successives et appelé le Comex de la FFF à "prendre ses responsabilités". Le pouvoir politique n'a en effet aucun moyen de démettre le président de la Fédération, la Fifa étant très sourcilleuse concernant l'indépendance de ses associations membres.
La balle est donc dans le camp du Comex, dont la grande majorité des membres est issue de la liste que Le Graët a présentée avant sa dernière réélection, en mars 2021. Or, pour certains d'entre eux, la situation de leur chef est désormais intenable.
Selon les règlements, seule une Assemblée fédérale extraordinaire, convoquée par un quart du comité exécutif, peut voter la destitution du président. En cas de départ de Le Graët, c'est le vice-président de l'instance, Philippe Diallo, qui serait promu président intérimaire avant que le Comité exécutif ne désigne un candidat en son sein. Celui-ci doit ensuite être confirmé par l'Assemblée fédérale, dont la prochaine réunion est programmée en juin.
Benoit THIBAUT avec AFP