Jean Kergrist, le clown atomique n'est plus

Après nous avoir tant fait rire, Jean Kergrist nous fait aujourd’hui monter les larmes aux yeux… Le rideau est tombé, le clown s’en est allé ce jeudi 14 novembre à l'issue de 79 printemps.

"Je vais aux fleurs la paix dans l’âme" écrivait Jean Kergrist à ses amis il y a quelques jours.

"Grignoté de partout par un crabe très malin, gorgé de morphine à en faire pâlir Verlaine ou Rimbaud", il avait prévenu et insisté, "rengainez vos peurs et vos pleurs, l’envol sera joyeux !"

La mort, il préférait en rire… il avait baptisé son dernier spectacle, 79,3… il calculait le temps qu’il lui restait à vivre et à la fin, invitait les spectateurs à quitter la salle en passant, "par le fond, les bas côtés, vous revenez par l’allée centrale, vous jetez l’eau bénite, si vous voulez."

Un vrai artiste expliquait-il, "ça doit mourir sur scène", c’est de la matière "molieresque". Et il ajoutait avec un l’œil qui pétille, "si je dois mourir dans mon lit, je m’arrangerai pour que ce soit théâtral." Rire pour ne pas pleurer ! Ca a toujours été sa devise, son credo ! 
 

Un nez rouge sur sa vie, un peu par hasard

 
Né Jean Hamon le 12 juin 1940, (arrière arrière arrière petit fils de ToutanK, disait il souvent), il était au séminaire à Lyon, il devait devenir prêtre, quand un projet de centrale nucléaire à Creis Malville a vu le jour. Il ne savait pas comment s’y opposer. Le rire lui a paru la meilleure arme. Mieux qu’une Kalashnikov, le rire fait des trous dans les certitudes, les idées toutes faites et préconçues.

Le clown atomique était né, il a parcouru toutes les routes de France et d’Europe. A Plogoff, sur la lande, un jour de 1980, Kergrist sort de sa valise un préfet marionnette et un catalogue de papier peint : l’enquète publique c’était demander aux gens quels papiers peints ils voulaient dans le bureau du directeur de la centrale nucléaire, une vraie fausse démocratie ! La centrale de Plogoff ne verra jamais le jour.  

Mais le clown atomique était lancé…


Le clown Cocogéma enrichit la tournée nucléaire de Jean… puis arrivent tour à tour, le clown Chomdu, le ministre des Affaires étranges, le sous-secrétaire d’étable… il met son nez rouge partout où ça va mal et dénonce avec ses costumes étriqués et un entonnoir sur la tête le monde qui devient fou. Les algues vertes qui envahissent les plages, les nitrates et les pesticides qui empoisonnent les rivières. 
Sur scène, dans ses romans, comme dans  "Trousse cocotte" sur les poulaillers industriels, il s’inquiétait de l’avenir de l’agriculture.

"Je ne suis pas donneur de leçon, moralisateur" affirmait- il. Il avait fait siens les mots de Molière dans la préface de Tartuffe : "Castigat ridendo mores",  corriger les mœurs en riant.

Il n’y a sans doute rien de plus triste que la mort d’un clown, c’est comme la pluie sur l’été… ça ne devrait jamais arriver.
 
Deux derniers livres à paraître
Auteur d'une trentaine de livres, Jean Kergrist en a écrit deux à paraître à titre posthume. Dans le couriel qu'il avait envoyé le 1er novembre à 800 de ses contacts il avait précisé : "En ouvrier consciencieux (?), j’espère auparavant terminer deux bouquins dont je ne verrai pas la publication" 
  • "Guide secret des Monts d’Arrée", dont la sortie aux éditions Ouest-France est prévue pour le printemps 2020. 
  • "Tango avec l’Ankou", une chronique posthume, plutôt gaie, "qui ne sera publiée qu’après ma mort aux éditions Montagnes Noires (éditeur des Bagnards, mon best seller)".
Les obsèques de Jean Kergrist auront lieu le mardi 19 novembre, à 14h30, à la salle polyvalente de Kergrist-Moëlou.
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