Michel Blin avait 24 ans le jour du coup d'État contre Salvador Allende. Il était alors étudiant en agronomie. Sa chambre d'hôtel donnant sur le palais présidentiel, il sera arrêté trois jours plus tard par la junte menée par le général Augusto Pinochet. 51 ans après cette arrestation et les sévices qui ont suivi, le Lannionnais obtient une victoire juridique contre l'État chilien, qui lui accorde 15 millions de pesos de dommages et intérêts.
Michel Blin, étudiant français en agronomie, se trouvait au Chili lors du coup d'État du 11 septembre 1973. Il avait 24 ans. Trois jours après le renversement du président Salvador Allende, il a été arrêté par les forces de la junte militaire dirigée par le général Augusto Pinochet.
Michel Blin sera détenu pendant 15 jours dans le stade national de Santiago, transformé en centre de détention et de torture. Durant cette période, il a été témoin de scènes terrifiantes. Il a la chance d'être libéré grâce à l'intervention de l'ambassade de France.
Après sa libération, Michel Blin retourne alors en France, mais son expérience au Chili le marque profondément. Michel Blin garde le silence sur ce traumatisme jusqu'à l'arrestation d'Augusto Pinochet à Londres en 1998. Il s'engage alors dans l'action associative et noue des liens avec des réfugiés politiques chiliens en France. Il obtient en 2011 le droit à des indemnisations, en entrant dans la liste "Valech II".
Une victoire juridique
51 ans après les faits, Michel Blin vient de recevoir le jugement du tribunal civil de Santiago qui statue sur une demande d'indemnisation de 150 millions de pesos déposée à l'encontre de l'État chilien. Le tribunal reconnaît Michel Blin comme victime de violations des droits humains sous la dictature militaire chilienne, notamment de détention illégale et de torture physique et psychologique. Elle lui accorde une indemnité de 15 millions de pesos (14,761.52 €) pour "dommages moraux".
Surtout, l'État chilien - qui avait déjà partiellement indemnisé Michel Blin au titre de la réparation des victimes - est ici reconnu comme responsable de crimes contre l'humanité selon la définition du droit international. "C'est une victoire" se réjouit Michel Blin, qui au-delà des indemnités, "condamne l'État chilien devant un tribunal, c'est une motivation politique et médiatique".
"Les bourreaux se sont auto-amnistiés sous Pinochet"
Michel Blin
Le Breton tenait en effet à faire connaître, "en particulier là-bas, au Chili", le sort d'étrangers qui ont été victimes "de ces bourreaux". "C'est une victoire mais avec un goût amer parce que la justice n'a pas condamné les coupables" concède Michel Blin, qui regrette que les militaires - à la différence des responsables argentins - ne soient pas aujourd'hui inquiétés.
"Ils se sont auto-amnistiés sous Pinochet, et après ça a été négocié avec les partis démocratiques" regrette Michel Blin, qui s'indigne qu'aujourd'hui il y ait au Chili "un tiers des Chiliens qui pensent que Pinochet avait raison de faire un coup d'État".
Loin de tirer un trait sur tout cela, l'avocat de Michel Blin a fait appel de la décision du tribunal de Santiago, estimant que les indemnités accordées ne sont pas suffisantes.