La cour d'appel de Rennes a confirmé ce vendredi 10 juin 2022 la culpabilité d'un ancien médecin généraliste et conseiller municipal de Tréguier dans les Côtes-d'Armor. Il avait été condamné à un an de prison ferme et trois autres avec sursis en juin 2019 pour des "agressions sexuelles" commises sur huit jeunes patientes.
La cour d'appel de Rennes a confirmé ce vendredi 10 juin 2022 la culpabilité d'un ancien médecin généraliste et conseiller municipal d'opposition de Tréguier dans les Côtes-d'Armor, qui avait été condamné à un an de prison ferme et trois autres avec sursis en juin 2019 pour des agressions sexuelles commises sur huit jeunes patientes.
Patrick Fournis, âgé de 70 ans et qui est désormais à la retraite, ne s'est toutefois pas vu infliger de prison ferme : les cinq ans d'emprisonnement prononcés sont intégralement avec sursis. Il demeure par ailleurs interdit d'exercer. La peine demeure toutefois supérieure aux réquisitions de l'avocate générale, qui avait demandé quatre ans de prison avec sursis.
L'affaire avait démarré en janvier 2014 avec la plainte déposée par une jeune femme pour des faits datant de 2013 : Julie XXX, 17 ans, interne au lycée Joseph-Savina de Tréguier, s'était rendue chez le médecin généraliste pour traiter "un ganglion". La demande de retrait du soutien-gorge et la palpation mammaire ne l'avaient pas surprise.
Mais la seconde fois, venue parce qu'elle "mouchait vert", elle n'avait pas compris pourquoi le médecin lui avait redemandé de retirer son sous-vêtement. Palpant ses seins, il avait supposé qu'elle "devait aussi avoir mal au ventre", ce à quoi la jeune femme lui avait répondu "non". "Il lui avait mis la main dans la culotte", avait alors relaté l'adolescente.
"Il malaxait, tripotait et en profitait"
Lui lançant un "regard méchant", le médecin avait expliqué qu'il devait vérifier, là aussi, "au-dessus des lèvres". Puis il lui avait "repalpé les seins". Venue pour un problème ORL, la jeune femme lui avait fait remarquer qu'il "n'avait examiné ni son nez, ni ses oreilles"... La psychologue qu'elle avait consulté par la suite avait décelé chez elle un "choc émotionnel".
Après cette première plainte et la médiatisation de l'affaire, d'autres victimes s'étaient alors manifestées aux autorités et avaient livré des témoignages similaires : toujours en prétextant avoir senti un ganglion, le médecin leur demandait d'enlever leur haut et, sans prévenir, procédait à une palpation mammaire.
Le médecin généraliste "malaxait", "tripotait" et dans tous les cas "en profitait" : il "prenait les seins à pleines mains" sans rien dire, en regardant dans les yeux, avec une proximité qui déconcertait ses patientes.
Inquiètes par la prétendue existence d'un ganglion, certaines avaient consulté par la suite un spécialiste, qui ne confirmait pas la présence de la moindre grosseur. A l'inverse, une autre femme avait dit que, malgré ses antécédents de cancer de sein, elle n'avait jamais reçu de palpation mammaire de la part de ce médecin réputé pour "avoir des mains baladeuses".
Pas de complot politique
Parmi 165 patientes interrogées lors de l'enquête, celles qui avaient manifesté avoir été victimes d'attouchements avaient ainsi en commun de venir du lycée Joseph-Savina de Tréguier : Patrick Fournis était le médecin de l'établissement. D'autres jeunes patientes venaient le consulter ponctuellement parce qu'il assurait les visites médicales du travail.
L'avocate générale avait aussitôt écarté l'argument d'un complot politique pour nuire à cet homme qui "démarrait une nouvelle campagne électorale" au sein de la commune qui avait déjà élu son père, Armand, médecin comme lui, en tant que maire.
Elle avait même supposé qu'il ne s'agissait pas d'un "hasard" s'il n'y avait pas de victimes parmi sa fidèle patientèle. "Ici, les victimes sont soit mineures, soit jeunes adultes", avait-elle fait remarquer. "Elles sont plus vulnérables : les familles ne sont pas forcément sur place, c'est moins gênant que sur une cliente habituelle qu’il espère fidéliser", avait-elle explicité.
De plus "il y a une relation inégale" et une "forme de stratégie mise en œuvre pour surprendre la victime sans lui donner d’explication", avait-elle poursuivi.
A la barre, le médecin avait dit qu'il y avait "deux menteuses" parmi les plaignantes : l'une aurait affirmé aux enquêteurs l'avoir vu "une fois par hasard", alors qu'il la suivait en réalité pour sa grossesse, tandis que l'autre, membre du personnel de l'établissement scolaire, aurait dit qu'il lui "avait fait des choses horribles" il y a dix-huit ans.
"Mais elle m'a envoyé des centaines d'élèves pendant tout ce temps !", avait-il fait remarquer, y voyant une forme de contradiction. "Je suis un vieux médecin maladroit mais je ne suis pas un agresseur", avait-il conclu sans toutefois s'excuser.