Pour les producteurs d'œufs, "sans hausse des prix, il va y avoir de la casse"

Les producteurs d'oeufs du grand ouest tirent le signal d'alarme. En un an, le prix des céréales pour nourrir leurs poules a grimpé de 27%. Leurs coûts de production ont explosé, mais le prix de l'oeuf, lui, ne bouge pas. Conséquence, "sans hausse des prix, il va y avoir de la casse". 

Pour produire des œufs, il faut des poules, un bâtiment, des soins et… de la nourriture pour la volaille. L’aliment représente en moyenne 65 % des coûts de production des œufs. Mais depuis un an, le prix des céréales s’envole. Les cours du blé, du maïs, des tourteaux de soja ou de colza tous sont en hausse : + 27%.

Le phénomène est mondial. La consommation chinoise en hausse, les russes stockent leur blé. les agriculteurs subissent et n’ont pas d’autres choix que de payer.

 

Il y a six mois, Yves-Marie Beaudet, éleveur dans les Côtes d’Armor achetait son aliment 250 euros la tonne. Aujourd’hui, elle en vaut 300.

Un centime de plus par oeuf

En février, lors des négociations avec les grands groupes du secteur, les éleveurs avaient déjà alerté, manifesté. En vain. "Ce sont les acheteurs qui fixent les prix et ils refusent de tenir compte des coûts de production" analyse l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB).

"Ce serait pourtant simple, explique Yves-Marie Beaudet, qui est aussi administrateur à l’UGPVB. il existe un indice ITAVI. Tous les mois, le coût des matières premières dans l'aliment de volaille est analysé et calculé. Il suffirait d’indexer notre prix de vente sur cet indice, et tout le monde serait gagnant. Quand le prix des céréales monte, nos œufs sont payés un peu plus cher, et quand il baisse, notre prix baisserait aussi."

L’échec d’EGAlim

"Tenir compte des coûts de production, c’était le principe de la loi EGAlim 1, résume Yve-Marie Beaudet, mais ça n’a pas marché. Là, les députés planchent sur EGAlim 2… après ce sera peut être EGAlim 3…4…  le problème c’est que certaines enseignes ne jouent pas le jeu."

Aujourd’hui en France, 80% des œufs "coquilles" vendus en grande surface le sont sous marque distributeurs, et ces grands distributeurs ne veulent pas négocier. Les éleveurs avaient demandé 1 centime de plus par oeuf. Ils ont proposé une baisse de 4% !

La protéine la moins chère

Lors du premier confinement, les ventes d’œufs avaient augmenté de 20%. Enfermés à leur domicile, les Français s’étaient mis aux fourneaux. Les gâteaux au chocolat permettaient de se remonter le moral, de s’occuper. et de se nourrir. "Les grandes surfaces nous faisaient alors les yeux doux, se souvient Yve-Marie Beaudet, et on a joué le jeu. On a produit."

La filière produit 40 millions d’œufs par jour, 15 milliards par an. Mais le secteur est aussi fragile que son produit. Ces dernières années, les éleveurs se sont adaptés aux demandes du consommateur, ont investi des milliers d’euros pour le bien-être animal.

Aujourd’hui, la moitié des œufs sont produits en plein air, en bio ou en libre parcours?. "Mais ces milliers d'euros, il va falloir qu'on les rembourse et qu'on vive de notre métier "  rappelle Yves-Marie Beaudet.

Le grand ouest produit 40% des œufs français

Un éleveur sur deux a plus de cinquante ans. Dans les dix années à venir, ils partiront donc en retraite. Yve-Marie Beaudet prévient, "si les prix ne sont pas bons, aucun jeune ne voudra s’installer. Si les grandes surfaces veulent pouvoir acheter des œufs demain, il faut qu’elles acceptent de les payer au juste prix dès aujourd’hui."

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