Son témoignage est bouleversant et symptomatique de l’époque. À Plussulien dans les Côtes-d'Armor, Mr le maire jette l’éponge. La fermeture d’une des deux classes de son école a été la goutte de trop. Il s’en va, fatigué de ne pas être entendu et de devoir "cautionner un système qui tue les petits territoires". Six autres élus lui ont emboîté le pas.
Il est loin d’être le premier à exprimer son ras-le-bol. Mais à Plussulien dans les Côtes-d'Armor, Mr le maire a décidé d'aller au bout de sa colère, et de remettre sa démission au préfet.
La fermeture en septembre de l’une des deux classes de son école a été la goutte de trop. Après 23 ans de mandat dont 17 à la tête de sa commune, Gilles Thomas jette l'éponge.
Une seule classe à 5 niveaux du CP au CM2
Dans ce centre Bretagne, la fermeture du collège de Corlay, le plus proche de sa commune, avait déjà provoqué la colère des habitants et des élus du secteur.
Et voilà désormais qu'à Plussulien, dit-il, "on demande à un seul enseignant d’assumer sur une seule classe 5 niveaux, du CP au CM2, avec 24 élèves. Mettez-vous à la place des parents. Il y a eu des manifestations, des rencontres avec le directeur académique, et cela n’a rien changé. J’ai donc pris la décision d’arrêter".
"Plus personne ne nous entend, nos petits territoires vont mourir"
Le maire se dit donc usé et fatigué, de ne plus être écouté.
"Plus personne ne nous entend. Il y a certainement des économies à faire, mais quand on parle de baisse de budget pour l’éducation, la santé, c’est inacceptable. On est dans des petits territoires qui vont mourir. Je ne veux pas cautionner ce qu’on nous demande de faire, donc j’arrête. Et ce n'est pas de gaieté de cœur".
Dans son sillage, six conseillers municipaux et adjoints ont également démissionné. La dernière en date, Myriam Bauer ce 24 octobre : "si on démissionne en masse, c'est qu'il y a un problème. On est élu, ce n'est pas pour rien. Et là, on a l'impression qu'on ne sert à rien. Alors pourquoi rester si on ne nous écoute pas ?"
Et Gilles Thomas, le maire démissionnaire, de s’inquiéter pour l’avenir. "Dans d'autres communes, d'autres élus expriment la même lassitude. Je pense qu’aux futures "municipales" en 2026, pour susciter des vocations, cela va être très compliqué."