Ruralité. A la rencontre des habitants de Broons, entre défaitisme et envie de faire bouger les choses

La petite ville costarmoricaine de Broons, 2902 habitants, située à mi-chemin entre Rennes, Saint-Brieuc et Dinan, doit trouver sa place. Petite commune rurale de caractère, agréable mais sans vitalité? Village-étape qui ne vit que les samedis d'été grâce aux touristes? Les commerçants se bougent pour dynamiser un village menacé d'assoupissement

Il est 11 heures. Les cloches viennent de retentir sur tout le bourg de Broons. Assis sur un banc, au pied de l'église, Charles-Yves musarde au soleil et regarde la vie du village s'écouler devant lui. 

Né ici-même il y a 75 ans, ce retraité a eu le temps de voir Broons évoluer. Son discours n'est pas très optimiste.

C'est une commune qui meurt, petit à petit. Avant, il y avait une épicerie, des commerces, plein de restaurants, mais tout ça disparaît peu à peu.

Charles-Yves, 75 ans, natif et habitant de Broons

Comme il nous dit ça avec un sourire aux lèvres, on se dit que la situation ne doit pas être si terrible que ça. D'ailleurs, autour de lui, rien que sur la place centrale du bourg, il y a quand même quelques commerces, des restaurants, un salon de coiffure, une boucherie, une pharmacie, une banque, un cabinet d'assurance..

Un village qui continue de s'étendre

Il y a aussi un homme juché sur une échelle, en train de retirer l'enseigne d'un ancien bar-PMU qui n'a pas résisté au COVID. L'homme sur l'échelle, Denis, est brocanteur à Sévignac mais confirme les propos de Charles-Yves sur la vie à Broons. "C'est vrai qu'il y a beaucoup de commerces fermés. Pour aller faire ses courses, il faut aller à Dinan ou Lamballe". 

Pourtant, quand on sort de la place centrale du bourg, on constate que le village s'étale de plus en plus sur les champs alentours. "C'est vrai que ça n'arrête pas de construire, admet Denis. Et dès qu'il y a une maison à la vente ou à la location, elle trouve preneur". 

Information confirmée par Marie-Jeanne et Christine, qui discutent sur le trottoir entre la boulangerie  et la crêperie. "C'est vrai qu'il y a beaucoup de demandes pour les logements. Je connais quelqu'un qui vient de Romillé qui a emménagé il y a peu à Broons. Ici on trouve que l'immobilier est cher, mais c'est quand même moins cher qu'à Romillé, qui appartient à Rennes métropole". 

Un argument financier qui séduit aussi les couples dans lequel l'un travaille à Saint-Brieuc et l'autre à Rennes, et qui choisissent de couper la poire en deux. 

A la fois loin et proche de tout

D'ailleurs, à l'heure de juger du dynamisme de Broons on peut voir le verre à moitié vide comme à moitié plein.

Le village est situé en pleine campagne, mais il borde la RN12 entre Rennes et Saint-Brieuc. Rennes est à moins 40 minutes, Saint-Brieuc à 30. Il faut compter 25 minutes pour le trajet jusqu'à Dinan. 

Par rapport à d'autres bourgs ruraux, Broons n'est pas un désert médical. Médecins généralistes, infirmières libérales, dentiste... beaucoup de professionnels de santé officient dans le village. Et si on trouve deux EHPAD, on rencontrera aussi deux écoles et deux collèges. 

Faire bouger le village

Les commerçants refusent de voir la ville s'endormir tranquillement, avec le danger de ne jamais se réveiller. Actif derrière le comptoir de son bar-restaurant, Jean-Baptiste Valenziani, président de l'association des commerçants, a ouvert son bar- restaurant en 2015. Auparavant, il n'avait pas forcément une bonne image du village. Un beau jour, il est venu prospecter. "Je me souviens, c'était un jour de marché. Et là je me suis dit "Ah ouais quand même, il y a de quoi faire à Broons". 

Depuis, avec d'autres, il essaie de secouer un peu le maire pour faire bouger les choses. Un site internet a enfin été créé, la signalétique a été nettement améliorée, la commune est devenue village-étape, un label qui permet de convaincre bon nombre de touristes, en partance ou de retour des plages, à venir consommer dans le village. 

"Il fallait quelque chose pour faire connaître notre ville. Le label village-étape a eu un impact direct.

Régis, gérant du salon de coiffure "L'atelier du coiffeur"

L'association de commerçants aimerait que le maire se bouge encore plus. Pour eux, il est hors de question de se reposer sur ses lauriers. Le village a ainsi candidaté et été retenu pour entrer dans le dispositif  "petites villes de demain". "C'est super, s'enthousiasme Régis. Je pense qu'il faudra une communication encore plus importante sur la communication de la ville". 

"Petites villes de demain", un atout pour l'avenir

Le programme "Petites villes de demain" (aussi obtenu par d'autres villes de l'agglomération comme Dinan, Caulnes, Matignon et Plancoët), initié par l'Etat, vise à redynamiser des villages ruraux. Une enveloppe est prévue pour chaque village, mais charge à chaque commune de présenter des projets qui permettent d'améliorer la qualité de vie des habitants. 

Depuis le début de l'année, le maire Denis Laguitton organise des tables rondes avec la population, pour fixer des objectifs prioritaires. On n'en sait pas plus pour l'instant, d'autant que le maire n'a étrangement pas souhaité prendre le temps de nous recevoir.