L'expérience peut sembler comique mais elle en dit long sur l'état des sols. Pour la quatrième année consécutive, un enseignant en agronomie du CFA de Caulnes, dans les Côtes-d'Armor, a mené avec ses étudiants une expérimentation à base de slips enterrés, afin d'étudier la qualité des sols. Déterrés ce 1er mars, l'état des slips est en cours d'analyse.
Depuis quatre ans, Vincent Bouvier, enseignant en agronomie au CFA (Centre de formation d'apprentis) de Caulnes, réalise une expérimentation qui fait sourire ses étudiants : il enterre avec eux...des slips ! Avec un but sérieux et bien précis : étudier la fertilité des sols.
"Les 22 et 23 novembre 2022, nous avons enterré vingt slips sur dix parcelles différentes, certaines à Caulnes, d'autres à Trémeur, Les Champs-Géraux ou Quédillac. Et nous les avons déterrés le 1er mars" explique le formateur.
Dégradations différentes sur un même sol
Pourquoi des slips indiqueraient-ils l'état des sols ? "Parce qu'un slip en coton blanc et bio est une matière naturelle et biodégradable. Et que grâce à l'élastique qui, lui, n'est pas biodégradable, on va retrouver facilement l'endroit où on a laissé les slips" précise Vincent Bouvier.
Encore cette année, le test semble avoir bien fonctionné. Les deux slips laissés sur chacune des dix parcelles-tests sont en train de livrer leurs secrets aux étudiants qui les analysent. Mais déjà, l'enseignant en agronomie constate "des dégradations très différentes sur une même terre, parfois à seulement dix mètres d'écart, parce qu'une partie du sol aura un couvert végétal et l'autre non". Intéressant, donc.
Les prairies, signe de qualité des sols
Le formateur en a retiré un enseignement : "D'une année sur l'autre, cela se vérifie, là où il y a des prairies (un sol couvert qui vit sa vie), ça fonctionne mieux, le slip se dégrade beaucoup plus vite, signe d'une vie souterraine plus riche" commente-t-il.
Mais cela peut dépendre aussi parfois d'autres facteurs. "Une parcelle en prairie permanente sur l'exploitation de notre établissement l'illustre parfaitement. Elle se trouve en bordure de Rance, n'est pas cultivée, donc on pourrait s'attendre à ce qu'il y ait beaucoup de vie là-dessous. Eh bien non ! Le slip est ressorti intact, car le sol était beaucoup trop gorgé d'eau".
Là où l'expérience a le mieux fonctionné, c'est chez un voisin de l'établissement, Franck Sérot, producteur de lait à Caulnes. "Son sol est très fertile, sur une prairie pâturée (vaches laitières). Là, le slip a été très dégradé en l'espace de trois mois" constate Vincent Bouvier.
Budget de 80 euros
Autre avantage de l'expérimentation : son faible coût. Le budget est de 80 euros pour les dix parcelles. Les étudiants sont maintenant en train d'interpréter les résultats qui sont très visuels. Là, un slip plein de trous. À côté, un slip à peine tâché de terre. "Ils parlent d'eux-mêmes. Par conséquent, nous allons pouvoir facilement les montrer dans d'autres établissements. Le 7 mars prochain, les étudiants iront par exemple présenter leurs analyses dans un BTS au lycée Le Gros-Chêne à Pontivy. Tout comme, nous attacherons ces slips à un fil à linge pour nos journées portes ouvertes le 18 mars" conclut Vincent Bouvier. À n'en pas douter, jamais des slips n'auront autant fait causer.