Ce lundi 7 février, paraissaient les taux d'hydrogène sulfuré mesurés en baie de Saint-Brieuc, à l'été 2021. Pourquoi ces taux ne sont-ils pas publiés en temps réel ? Existe-t-il des seuils recommandés pour protéger la population ? Des questions qui refont surface à l'occasion de la publication de ce rapport.
Pourquoi les taux d'hydrogène sulfuré (H2S) dégagé par les algues vertes en putréfaction sur le littoral breton ne sont-ils pas publiés en temps réel sur un site internet ? Ces données permettraient de porter à la connaissance des citoyens la qualité de l'air sur les plages bretonnes en temps réel.
Cette question ressurgit au lendemain de la publication du rapport d' Air Breizh. L'association a rendu public ce lundi 7 février ses conclusions concernant les taux d'hydrogène sulfuré (H2S) mesurés sur 4 sites à la demande de l’agglomération de Saint-Brieuc. Des mesures effectuées du 4 mai au 3 octobre 2021.
Nous recommandons que cette diffusion (NDLR : en temps réel) soit mise en place lors du prochain suivi.
Association Air BreizhExtrait du rapport
Dans ses conclusions l'association précise : "Les moyens techniques disponibles permettent d’envisager une diffusion vers le grand public des données de mesure en temps réel en open data. Nous recommandons que cette diffusion soit mise en place lors du prochain suivi."
Air Breizh publie déjà en temps réel sur son site les taux d'ozone, de particules fines ou de dioxyde de carbone par exemple, pour renseigner la population sur la qualité de l'air.
C'est incroyable de publier les résultats 6 mois après la saison, quand on a bien respiré ce gaz.
Yves-Marie Le LayAssociation Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre
Les associations environnementales réclament, elles aussi, l'accès aux taux de H2S en temps réel. Pour Yves-Marie Le Lay, président de l’association Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre, "c'est incroyable de publier les résultats 6 mois après la saison, quand on a bien respiré ce gaz."
Et de pointer le cas du H2S provenant de l'échouement de sargasses dans les Antilles. Cette algue brune arrive sur les plages des Caraïbes et produit de l'hydrogène sulfuré en pourrissant, à l'instar des algues vertes sur les plages bretonnes. Mais à la différence des Bretons, les Guadeloupéens et les Martiniquais peuvent consulter en temps réel la teneur de H2S mesurée sur leurs plages.
Pourquoi les Bretons n'ont pas le même statut que les ultra-marins
Yves-Marie Le LayAssociation Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre
"Il faut me dire pourquoi les Bretons n'ont pas le même statut que les ultra-marins", s'insurge Yves-Marie Le Lay, évoquant des instructions du Haut Conseil en Santé publique datant de 2012 sur la conduite à tenir face aux sargasses.
"Entre 0,2 et 1 ppm : la mise en place du chantier d’enlèvement des algues et information du public. Entre 1 et 5 ppm : l’information du public (notamment accès déconseillé aux personnes sensibles et fragiles) ; l’enlèvement immédiat des algues. Supérieures à 5 ppm : l’accès réservé aux professionnels équipés de moyens de mesure individuels avec alarmes ; les mesures d’ H2S au niveau des habitations riveraines," précise le Haut Conseil en Santé publique pour la Martinique et la Guadeloupe.
Associations et élus attendent des précisions sur les seuils tolérés
En Bretagne, rien de tel. Un regret pour le maire d'Hillion, Mickaël Cosson : "On attend d'avoir des recommandations de l'ARS (agence régionale de santé) pour connaître les mesures à prendre en fonction des seuils d'H2S."
Ce que confirme Air Breizh dans son rapport, précisant que "durant l’été, la Direction générale de la santé a saisi le Haut Conseil de la Santé Publique pour définir des seuils d'intervention et proposer le cas échéant un dispositif de surveillance des concentrations en H2S issu de sites à risque, avec notamment un éclairage sur la question des effets chroniques."
Les effets du H2S à petites doses sur le long terme : pas d'études à ce jour
Les effets à petites doses sur le long terme, une autre question soulevée par les algues vertes. Beaucoup de réponses en attente. "Nous devons reboucler avec la direction générale de la santé et donc pas de réponse ARS à ce stade," précise l'Agence Régionale de Santé dans une réponse par mail.