Art Rock fête cette année ses 40 ans. C'est l'un des 745 festivals qui animent le territoire breton. La Bretagne est ainsi l'une des régions de France des plus dynamiques en la matière, ce qui participe à son rayonnement et à son attractivité. Focus sur cette particularité bretonne.
En marge du festival Art Rock, sous les dorures du trés joli "petit théâtre" à l'italienne de Saint-Brieuc, quelques intervenants se sont donnés rendez-vous pour parler de la dynamique qu'impulsent les festivals sur un territoire. Et il faut dire qu'en la matière, la Bretagne est un cas d'école. Sur scène, Béatrice Macé vice-présidente de la la région Bretagne et co-fondatrice des Transmusicales, Maryline Lair, directrice du collectif des festivals, et Emmanuel Wallon, sociologue, sont plutôt d'acord sur ce point.
La Bretagne, terre de festivals
Sur les 7.300 festivals recensés en France, 745 ont lieu en Bretagne, avec la particularité de ne pas être concentrés uniquement sur la période estivale, et d'être répartis sur tout le territoire régional.
"Oui il y en a tout le temps", confie Béatrice Macé, "même en hiver et en automne, et ils sont répartis sur l'ensemble de la région, même en zones rurales. Il y a un maillage conséquent en Centre Bretagne, et pas seulement à Rennes ou sur le littoral".
Il y en a pour tous les goûts aussi. 4 festivals sur 10 sont musicaux. Les autres sont trés hétéroclytes. Certains sont installés sur le territoire depuis trés longtems. C'est le cas d'Art Rock qui fête ses 40 ans cette année, mais aussi du festival de Cornouaille qui a été créé en 1923. Et Maryline Lair de préciser que 18 festivals bretons ont été créés avant 1980, une longévité remarquable.
"Un festival est une autre relation à l'art"
Mais qu'est-ce qui fait le succès de ces rassemblements si prisés ? Pour Béatrice Macé, c'est leur forme même: "Une compression spatio-temporelle, qui forme un éco-système trés particulier. Un festival, c'est une autre relation à l'art". Sur un temps resserré, le festivalier, sort de son quotidien et entre dans une parenthèse. Emmanuel Wallon, présice que "plusieurs études sociologiques montrent que les personnes qui vont assister à un festival y vont d'abord pour l'ambiance, puis pour être ensemble, et ensuite seulement pour la programmation". "C'est une expérience globale, et un autre rapport aux artistes".
"Un festival c'est une expérience de condensation, un dérèglement de sa vie, pour mieux en éprouver le sens. Et dans nos existences nous avons besoin de ces temps de dérèglement".
Emmanuel WallonSociologue
L'engagement des bénévoles
Les festivals sont aussi des moments d'engagement pour de nombreux bénévoles. Ils sont des milliers en Bretagne à permettre l'existence de ces moments et à se mobiliser tout au long de l'année pour les préparer. Ils participent ainsi à la vie locale et au dynamisme de leur territoire.
Ces événements ont également un impact non négligeable sur l'économie locale. Hotelerie, restauration, commerce, les festivals sont des ressources importantes pour beaucoup.
Plus de 2 milliards d'euros de pertes pendant le confinement
Sofest, l'étude de France Festival, qui a chiffré ce que représentait l'annulation des festivals pendant la crise du Covid a ainsi montré qu'au niveau national, les pertes se sont élevées entre 2,3 et 2,6 milliards d'euros.
Cette crise a néanmoins eu des effets inattendus. De nombreux artistes ont quitté la région parisienne pendant le confinement pour rejoindre la Bretagne et se sont investis dans la vie culturelle locale. Les Côtes d'Armor compteraient ainsi par exemple aujourd'hui 45 compagnies de théâtre, ce qui est beaucoup pour un seul département.
Cette vie culturelle riche, ces festivals, sont ils une raison de l'attractivité de la Bretagne ? Ils semblent en tout cas y participer. C'est donc un enjeux important pour les collectivités territoriales qui soutiennent ces événements. En moyenne, 14% du budget d'un festival provient de financements publics.