Comment faire campagne pour les municipales sans aller directement au contact de ses électeurs ?

C'est LA question que se posent tous les candidats dans les 158 communes bretonnes qui n'ont pas désigné de vainqueur à l'issue du premier tour, le 15 mars dernier. D'ici le 28 juin, il va leur falloir faire une campagne d'un genre nouveau, marquée de l'empreinte et des contraintes du Covid-19.

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Pour lui, la campagne n'a jamais vraiment cessé.

Mais depuis l'annonce du Premier Ministre en fin de semaine dernière, il connait maintenant la date de l'échéance. Le dimanche 28 juin, les électeurs seront de nouveau appelés aux urnes pour le second tour des Municipales.

Stéphane Favrais est l'un des responsables de la campagne du candidat de l'Union de la Gauche à Saint-Brieuc, Hervé Guihard. C'est son candidat qui est arrivé en tête le 15 mars avec 31,80% des suffrages.
Depuis bien plus longtemps que l'annonce gouvernementale, il sait aussi que ce sera plus difficile de poursuivre sur la même dynamique. Le Covid-19 est passé par là.


L'exemple briochin


Plutôt que de papillonner dans l'une ou l'autre des communes concernées, arrêtons-nous sur un cas précis, celui de la Préfecture des Côtes d'Armor.

La situation de Stéphane Favrais est un bon exemple de ce que vivent depuis ce pont de l'Ascension les équipes des candidats dans les 158 communes bretonnes où le premier tour n'a pas dégagé de majorité. "Nous avons réuni notre équipe de stratégie de communication", explique-t-il. "On essaie d'imaginer une campagne forcément plus numérique, même si des gens iront dans les quartiers de la ville, dans le respect bien évidemment des gestes barrières. Maintenant, on attend surtout de savoir avec exactitude ce que nous aurons le droit de faire ou pas". Un décret sera présenté au Président de la République le 27 mai.


Un casse-tête sanitaire


Compliqué. C'est le maître-mot qui revient dans la bouche de ceux qui vont encore devoir batailler pour convaincre les électeurs de leur accorder leurs suffrages.

"C'est effectivement compliqué, on a essayé d'imaginer ce qui nous attend mais tout n'est pas encore bien défini", confirme Richard Rouxel, le candidat qui porte les couleurs du MoDem, deuxième du premier tour avec 21,27% des voix.
S'il bénéficie dans la course à la mairie de Saint-Brieuc du soutien de l'ancien maire et député MoDem Bruno Joncour, il est un nouveau venu sur la scène politique briochine. "Du fait d'être nouveau, on a besoin de se faire connaître, et ça, ça se fait en chair et en os, en allant à la rencontre des gens. Une élection municipale, c'est l'élection de proximité par excellence, qui nécessite de discuter, d'entendre les doléances. Alors en étant masqué, la symbolique est forte, vous imaginez bien que l'échange n'a rien à voir".


Une nouvelle élection à un tour


Pour l'heure, trois listes sont encore en course.
La troisième est menée par Corentin Poilbout sous la bannière LREM. Avec 19,76% des suffrages, moins de 160 voix le séparent de son adversaire centriste. Désistement. Fusion. Les pourparlers sont en cours. En attendant leur issue, le benjamin de cette élection (il a 31 ans), estime que "c'est une nouvelle élection à un tour" qui s'annonce. "Un second tour, trois mois et demi après le 15 mars, c'est forcément déconnecté. Il va donc falloir faire preuve d'imagination, pour toucher au plus près les Briochins sans pour aiutant faire n'importe quoi en terme de sécurité sanitaire".

"On ne craint pas d'être créatif pour réinventer une autre campagne, et nous sommes convaincus que la population jouera le jeu", s'est déjà réjouit Hervé Guihard, le candidat divers gauche. "Il est temps de se remettre au service de la ville. Côté programme, en revanche, il y aura quelques changements, pas de fond mais d'ordre. Les priorités seront modifiées, évidemment les difficultés des commerces et des artisans seront en tête, le développement du vélo aussi".
 

Pour chacune des listes, il semble évident que la campagne va devenir encore plus numérique. "Rien ne remplace jamais le contact réél, avec la proximité que cela induit, mais il est clair que nous allons utiliser les nouveaux supports", confirme Corentin Poilbout.

Un son de cloche déjà entendu dans la bouche de Stéphane Favrais, le Monsieur Comm' de la gauche.

Idem chez Richard Rouxel qui regrette tout de même le côté superficiel des messages lâchés en quelques lignes sur les réseaux sociaux. Pour lui, "la digitalisation touche assez vite à ses limites, avec des formules trop souvent lapidaires. On ne va pas au bout de ses idées, de sa réflexion, on ne peut pas vraiment développer un argumentaire. c'est dommage". Sans compter la partie de l'électorat peu sensible à ces technologies.
   

Le terrain malgré tout


C'est bien pourquoi le terrain ne saurait malgré tout être complètement oublié.

Pour en revenir à l'équipe d'Hervé Guihard, les dernières retouches aux documents de campagne sont en cours. "D'ici la fin de semaine tout doit être chez l'imprimeur", reprend Stéphane Favrais. "Il faut être opérationnel pour le 2 juin. Pour la distribution, on réfléchit à mettre en place une formule façon food-truck, pour aller voir les gens, mais sans enfreindre les régles sanitaires".

Quant aux meetings qui marquent habituellement la fin de campagne, ils vont eux aussi basculer dans l'ère du numérique. Celui de la gauche se fera ainsi le dimanche précédent le vote via un Facebook live.

Décidément le confinement a laissé des traces. À Stéphane, Hervé, Richard, Corentin et les autres, de les effacer au mieux.

 
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