Alors que la Cooperl a écopé d'une amende de 35,5 millions d'euros par l'autorité de la concurrence dans l'affaire du "Cartel du jambon" et menace de fermer certaines de ses usines dans le grand Ouest, Bercy s'engage pour la survie du groupe.
Suite à la menace lancée par la Cooperl, la réponse de Bercy ne s'est pas fait attendre. Condamné à 35,5 millions d'euros d'amende par l’autorité de la concurrence, le numéro un du cochon en France a brandi ce mardi 20 octobre la risque de fermer certaines de ses usines dans le grand Ouest. Une menace sur l’emploi prise très au sérieux par les services de l'Etat, puisqu'au lendemain de cette annonce, Bercy précise que la Direction Générale des Finances Publiques s'engagera aux côtés de la Cooperl pour éviter que cette sanction financière représente un risque pour l'activité du groupe et l'emploi de ses salariés.
L'agroalimentaire breton sous pression
Après l'annonce de cette lourde condamnation financière, 35,5 millions d'euros, en juillet dernier, le groupe coopératif a tenu une conférence de presse mardi à Paris, ou seuls quelques médias étaient invités. Conférence au cours de laquelle Emmanuel Commault le directeur général de la Cooperl Arc Atlantique S.A à déclaré :
On nous met virtuellement en cessation de paiement en nous condamnant brutalement sur la base d'un faux document.
Le groupe a fait appel de cette décision car il estime que cette condamnation repose sur un "faux document" et précise que l’appel ne suspend pas le versement de cette amende. Donc, si cette somme était éxigée dans les jours à venir le groupe serait dans l'obligation de se restructurer :
" On arrête tous les recrutements, tous les projets d’investissement et on s’engage dans un plan de restructuration dur, avec des baisses de salaires et des fermetures d'usines."
Du côté des syndicats que nous avons essayé de joindre par téléphone ce matin, seul la CFDT a pour l'heure répondu à notre sollicitation et nous a informé que l'intersyndicale de la Cooperl planche sur un communiqué pour évoquer cette menace sur l'emploi dont parle la direction. Mais en raison de la pression trés forte qui s'exerce sur les salariés et les syndicats à l'intérieur du groupe, le moment n'était pas propice à la communication. Surtout lorsque l'on parle de pertes d'emplois et d'autant plus dans une période de crise sanitaire.
Le groupe agroalimentaire breton est donc bien sous pression, surtout quand on sait que la coopérative représente 2700 éleveurs-adhérents, 7000 salariés répartis sur 25 sites en France, une dizaine de filiales spécialisées et 6 marques produits : Brocéliande, Madrange, Paul Prédault, Montagne Noire, Jean Caby et Coop chez vous.
Cooperl Arc Atlantique est également le premier employeur privé du département des Côtes-d'Armor.
Bercy s'engage pour préserver la survie de la Cooperl
C'est par un communiqué que le le ministère de l'Économie et des Finances a tenu à rassurer ce matin le groupe coopératif et ses salariés, en précisant que Cooperl Arc Atlantique est un groupe français d’importance pour la filière porcine et le territoire breton.
Dans l’attente du jugement au fond, Cooperl Arc Atlantique et Brocéliande entendent déposer une requête auprès du Premier président de la Cour d’Appel de Paris afin d’obtenir le sursis à l’exécution de la décision de l’Autorité de la concurrence, l’autorité judiciaire étant seule compétente pour suspendre l’exécution de la sanction. A défaut de décision de sursis à exécution, les services compétents de la Direction Générale des Finances Publiques en engageront l’exécution, dans des conditions de délai compatibles avec la capacité de remboursement du groupe Cooperl Arc Atlantique afin que l’amende ne représente pas un risque pour l’activité du groupe et l’emploi de ses salariés, comme échangé avec les services compétents de l'Etat il y a plusieurs semaines.
Un "faux document"
Dans l'affaire du "Cartel du jambon", il est reproché à la Cooperl d'avoir échangé avec d'autres fabricants de jambon cuit entre 2010 et 2012 "pour se concerter sur les offres en prix à proposer, notamment en réponse aux appels d'offres des enseignes de la grande distribution", selon le texte de la décision.
Pour le groupe Cooperl, sa condamnation repose sur un "faux document", le carnet d'un directeur commercial de la société Aoste, filiale du groupe Campofrio. Campofrio a sollicité la clémence de l'Autorité de la concurrence dans cette affaire et a écopé à ce titre d'une amende minorée, d'un million d'euros.
Mais pour la Cooperl, selon son dernier communiqué "un récent rapport d’expertise graphologique réalisé par un expert agréé à la Cour d’appel et à la Cour de cassation infirme la conclusion du rapport de l’expert judiciaire cité dans la décision de l’Autorité de la concurrence à l’encontre de la coopérative agricole bretonne. Cooperl, qui demande en premier lieu le sursis à l’exécution de ladite décision, rappelle par ailleurs l’incohérence totale qu’il y aurait eu, pour elle, à participer à une quelconque entente avec le groupe Campofrio."
Communiqué de la cooperl : "la pièce majeure du dossier est un faux"
Bercy rassure la Cooperl (communiqué de Bercy)
La menace d'un plan social déja prêt
La direction a même prévenu que ce plan avait déjà été envisagé.
Le plan est presque prêt et la réflexion se porte sur plusieurs usines, parmi les douze rachetées dans le cadre de la reprise de Brocéliande en 2010 et des actifs de la holding Financière Turenne Lafayette en 2017. Ces douze usines emploient au total 2.500 salariés et génèrent 900 millions d'euros de chiffre d'affaires, selon le groupe qui a enregistré plus de 2,4 milliards de chiffre d'affaires en 2019.
Il aura donc fallu moins de 24 heures pour que Bercy intervienne face à la menace de fermeture d'usines annoncée par le leader Français de la production porcine.