Élus menacés de mort. "Là, c'est un cran au-dessus". Un maire reçoit une balle de 9 mm dans son courrier

Le maire de Saint-Jacut-de-la-Mer dans les Côtes-d'Armor, Jean-Luc Pithois, a eu la très mauvaise surprise de trouver une balle de 9 mm dans un courrier anonyme qui lui était adressé ce mercredi 28 juin 2023. Une menace de mort qui intervient dans un contexte tendu au sein de la commune.

"Là, c'est un cran au-dessus". Jean-Luc Pithois a l'habitude de recevoir des lettres anonymes mais ce mercredi 12h, en allant chercher un courrier important dans une agence postale, il ne s'attendait pas à trouver une douille de 9 mm dans une enveloppe kraft adressée à son nom. "Un courrier sans un mot et sans une inscription," raconte l'élu. Ça m'a choqué évidemment". 

Le maire de Saint-Jacut-de-la-Mer n'est pas le premier dans sa commune à être la cible de menaces. Sa première adjointe, Nathalie Plesse, a déposé cinq fois plaintes pour diffamation notamment sur des groupes Facebook publics. Une autre élue a eu sa voiture dégradée, rayée de part en part.

"Récemment, j'ai pu lire un post d'une personne qui dit : aux armes ! Et le lendemain, je reçois cette balle de 9 mm. C'est inquiétant. Jusqu'où cela va aller ?" s'interroge le maire. 

Après avoir porté plainte, le maire de Saint-Jacut-de-la-Mer est entendu ce jeudi matin par les gendarmes de Plancoët suite à l'ouverture d'une enquête. Des relevés ADN devraient être réalisés sur la balle. L'élu va bénéficier d’une protection de la gendarmerie et ne compte pas abandonner ses fonctions. "La vie continue évidemment. On ne va pas se laisser intimider parce que l'on a un certain nombre de dossiers à mener." Mais il ajoute, "le problème c'est qu'il nous faut de la sérénité car c'est un peu compliqué de travailler dans ces conditions."

Jean-Luc Pithois n'est pas le premier maire menacé de mort dans les Côtes-d'Armor. Ces dernières semaines, plusieurs élus ont été également la cible de menaces de mort ou victimes de dégradations.

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Un contexte de tensions au sein de la commune

Ces faits interviennent dans un contexte particulièrement tendu dans la commune notamment en raison de plusieurs dossiers : un réaménagement de voirie, l'avenir de l'Ehpad sans compter le départ annoncé des deux derniers médecins de la commune pour la commune voisine de Beaussais-sur-Mer. "Je ne peux rien faire contre ça", confie Jean-Luc Pithois.

Le futur départ des généralistes fait suite à une tentative avortée de rachat du bâtiment qu’ils occupent depuis 2018. Un bâtiment acquis par l'ancienne mandature pour 200 000 €, loué 400 € par mois depuis. "Je leur aurais bien vendu. J'ai demandé au préfet si je pouvais vendre en dessous du prix. De 10% seulement m'a-t-on rétorqué donc les médecins s'en vont et je le comprends."

Autre sujet de tension, la fermeture du bureau de poste annoncé et validé début avril en conseil municipal. Une agence postale devrait voir le jour en janvier 2024.

Un rassemblement d'opposants avant le conseil municipal

Mardi dernier, Thierry Chauveau, opposant au maire, a appelé à un rassemblement à 19h devant la mairie à l'occasion du conseil municipal qui doit se tenir ce jeudi 29 juin à 19h15 pour protester notamment contre le départ des médecins. "Nous nous donnons rendez-vous, devant la Mairie, afin d'attendre et d'entendre, si, ils acceptent de nous en fournir, les explications des élus de Saint-Jacut-De-La-Mer, concernant le départ des médecins."

Ce matin, sur facebook, Thierry Chauveau a tenu à condamner les menaces de mort dont le maire a été victime. "À cause de cet acte insensé, inqualifiable et antidémocratique, la discussion risque d'être avortée. Je tiens à dire aux élus, particulièrement à Monsieur le Maire, que je condamne fermement cet initiative totalement indigne."

Dans ce contexte, le maire prévoit de voter en début de séance le huis clos du conseil municipal. L'accueil de la mairie est exceptionnellement fermé jusqu'à vendredi inclus. Mais il est toujours possible de le contacter par téléphone ou par mail.

(Avec Pierre-Guillaume Creignou) 

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