C'est un projet qui aura connu bien des remous. Mais aujourd'hui, les vents sont favorables pour le parc éolien de la Baie de Saint-Brieuc. Les oppositions sont désormais moins virulentes, et le chantier a pris ses aises en mer. À tel point que les premiers tours de pales se profilent à l'horizon.
En 2011, l'État lançait un appel d’offres pour ce projet de parc éolien. Un an plus tard, il était remporté par le consortium Ailes Marines, filiale à 100% du groupe espagnole Iberdrola. Il aura fait l'objet d'une vive contestation, à la fois des pêcheurs de la zone et des riverains de la Baie.
A lire aussi : Parc éolien en baie de Saint-Brieuc : Sea Shepherd et Gardez les caps demandent l’abrogation de l’arrêté préfectoral
Aujourd'hui, la contestation s'est éteinte et le chantier avance. Ainsi, sur le polder de Brest, c’est une véritable noria qui s’est mise en place depuis le mois d’octobre dernier, avec un coup d’accélérateur ces dernières semaines. "C'est là que les mâts des futures éoliennes, découpés en trois tronçons, sont entièrement équipés", explique Jean-Maxime PAPE, responsable du site Haïzea Breizh. "Notre métier consiste, avec des monteurs et des électriciens, à équiper ces sections de mâts de différents éléments. Notamment, des plateformes d'accès, des escaliers, des monte-charges et ce qui sera relié aux équipements de sécurité comme les lumières et les lignes de vie"
Ces énormes tubes sont fabriqués par les Basques d’Haïzea à Bilbao. Une fois le travail de chaudronnerie et de peinture réalisé, ils prennent la mer, direction le port de Brest pour la phase d’équipement. Une première escale avant de mettre le cap sur le Havre où les mâts sont assemblés, prêts à recevoir leur nacelle.
Turbines et pales : des monstres en construction
Chez Siemens Gamesa, c’est un peu le cœur du réacteur avec cette fois-ci, la fabrication des turbines et des pales des éoliennes : un travail au long cours.
Nous sommes sur des cadences qui se rapprochent de l'industrie aéronautique. Il faut comprendre qu'on construit des monstres ! Une pale pèse 350 tonnes. Les serrages et les assemblages doivent durer 20 ans et nécessitent une qualité irréprochable.
Patrick GALLOYDirecteur de production Siemens Gamesa
Étalé sur 75 km², le parc briochin accueillera 62 éoliennes de 8 mégawatts chacune, soit 496 mégawatts de puissance totale installée. C’est de nouveau par voie maritime que les mâts et les pales commenceront à rejoindre la Baie de Saint-Brieuc d'ici à l'été.
Une mise en service partielle dès l'été 2023
En attendant, sur zone, les forages pour la mise en place des fondations "jackets" se poursuivent. La campagne 2022 avait permis d’en installer 24, il en reste 38 à poser. C’est le programme de la campagne 2023 qui vient de débuter. L’épisode final est lancé.
Le dernier sprint sera chargé. Il s'agit d'injecter les premiers électrons qui permettront d'alimenter 835 000 Bretons en électricité. On voit le bout du tunnel mais il y a encore un risque météo et un risque technique.
Stéphane Alain RiouDirecteur développement et territoire d'Iberdrola & Ailes Marines
En accord avec le cahier des charges, 20 % du parc sera mis en service avant l’été, cela représente une douzaine d’éoliennes. Viendra ensuite la phase la plus dense du chantier avec une trentaine de navires et un millier de marins présents sur site durant toute la période estivale. De quoi préparer la livraison complète au mois de décembre. Si les conditions météo ne viennent pas perturber le déroulement des opérations, les éoliennes tourneront bien en fin d’année 2023.