Après le Conseil d’État début janvier, c'est cette fois devant la Commission européenne que Sea Shepherd et Gardez les Caps ont déposé plainte contre le parc éolien offshore de la baie de Saint-Brieuc. Pour quelles raisons ? Pourquoi maintenant ?
Le projet de parc éolien en Baie de Saint-Brieuc fait depuis plusieurs mois l'objet de nombreux dépôts de plainte : si le comité départemental des pêches multiplie les actions depuis l'été, il n'est pas le seul à dénoncer sa légalité.
Ce mardi 8 février, c'est l'organisation non gouvernementale Sea Shepherd et l'association Gardez les Caps, qui ont en effet annoncé porter l’affaire devant la Commission européenne en déposant une nouvelle plainte.
Sea Shepherd et Gardez les Caps pointent notamment du doigt le "décalage entre le calendrier des travaux annoncés et les travaux effectivement réalisés ». Selon les deux structures, cela « pose autant la question de la compétence de l’opérateur que celle de l’abstention volontaire des autorités françaises de combattre les dommages qui en résultent."
Le projet éolien de la baie de Saint-Brieuc est dans une impasse environnementale. Une décision lucide doit conduire à l’abandonner.
Gardez les Caps et Sea Shepherd
Selon les deux structures, le chantier en mer qui a débuté le 3 mai 2021 "confirme les nombreux manquements identifiés depuis 2012, et auxquels il n’a pas été remédié : la légalité du projet d’éoliennes en mer de la baie de Saint-Brieuc est contestée depuis 2012."
Les plaintes s'accumulent
Vendredi 7 janvier déjà, une plainte avait déjà été déposée par ces deux-là, devant le Conseil d’État "pour contester 59 dérogations de destruction d’espèces et d’habitats protégés accordées à l’industriel espagnol Iberdrola", porteur du projet du parc éolien en baie de Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor.
Fin août - début septembre, c'est le comité des pêches des Côtes d'Armor qui avait aussi saisi le procureur de la République de Brest, puis le parquet national financier. Danger pour l'environnement, légalité du projet, recel de favoritisme, espionnage, corruption... Les raisons invoquées sont diverses.
Pour Sea Shepherd et Gardez les Caps les manquements "de l'Etat et de l'opérateur" sont trop nombreuses. Elles relèvent plusieurs "infractions" au droit de l'Union européenne : pollution marine, dommages causés à l'environnement, absence d'évaluation environnementale... Elles en appellent à l’intervention de la Commission européenne "afin qu’il soit remédié" à ces différents "manquements aux règles".
Hasard du calendrier ?
Pour Sea Shepherd et Gardez les Caps, il est temps de dépasser les clivages politiques. Dans le cadre de la campagne présidentielle, les candidats défilent dans la Baie de Saint-Brieuc : "L’objectif de développement des énergies renouvelables ne peut pas primer sur la protection du vivant quels que soient nos opinions politiques et nos engagements personnels" rappelle leur communiqué qui poursuit : "Il est encore temps de repenser la pertinence du projet d’Iberdrola. C’est un exercice de responsabilité."
Qui pourra prendre une décision "lucide" comme l'attendent les deux structures ? Leur dépôt de plainte a été effectué la veille du début du One Ocean Summit, le sommet international dédié à l'océan qui se tient à Brest du 9 au 11 février.
La mer, une priorité ? Une vague sur laquelle beaucoup souhaitent surfer.