Il y a tout juste trois ans la France, la colère prenait ses quartiers sur les ronds-points des villes et villages avec l'intention d'engager avec le pouvoir un véritable bras de fer. Trois ans après, la mobilisation s'est émoussée mais les revendications sont toujours d'actualité comme le constate Tristan Lozach, porte-parole des Gilets jaunes à Saint-Brieuc.
Brézillet à Saint-Brieuc, c'était le rond-point de tous les possibles. Comme en pèlerinage trois ans après le début d'une colère populaire, le porte-parole des Gilets jaunes de Saint-Brieuc, Tristan Lozach fait le point.
Il y a trois ans, il démissionne de son poste de conseiller funéraire, pour se consacrer au combat des Gilets jaunes. Ce père de trois enfants estime alors devoir payer trop de taxes. Son engagement n'aura pas été sans conséquences. Menaces de mort, difficultés à retrouver un emploi car stigmatisé, il a aussi été condamné après des manifestations, avec des amendes à payer (3000 euros en tout). Aujourd'hui, il a retrouvé un emploi à la Coop des masques. Son engagement reste intact.
Sur le rond-poind, il oscille entre nostalgie et amertume. "Il y a beaucoup de souvenirs, c'était la naissance d'une mobilisation. Je suis nostalgique de revenir là. Mais en même temps c'est triste. Trois ans plus tard on est toujours là. Et si on est toujours là, c'est qu'on n'a pas été entendus".
Des rangs clairsemés
Aujourd'hui, le mouvement existe certes mais il peine à se remettre en route. "Les rangs sont clairsemés. Cela s'explique par la peur de manifester car le mouvement a été énormément réprimé voire détruit. On nous a fait passer pour des racistes, des homophobes, des violents. On nous a fait passer pour des grands chômeurs alors que dans la majorité les Gilets jaunes travaillent. Il y a aussi eu la crise du covid et l'approche des élections. La colère est pourtant toujours présente aujourd'hui, avec les mêmes revendications qu'au départ", constate Tristan Lozach.
Le pouvoir d'achat se maintient au cœur des préoccupations. Le prix du carburant est encore plus cher qu'en 2018 relève-t-il. "On a toujours les mêmes salaires mais tout augmente. Derrière, ça ne suit pas".
Pour tous les citoyens en colère qui n'arrive pas à vivre au 15 du mois, il faut redescendre dans la rue, montrer que le mouvement n'est pas mort et même si on n'est pas un Gilet jaune
Tristan Lozach
Selon Tristan Lozach, les Gilets jaunes se sont tout de même imposés dans le débat politique et ont freiné certaines réformes. "On sait que le mouvement a fait peur à l'exécutif". Il manque par contre, encore pour lui, des actes concrets. Il espère que les candidats à la présidentielle reprennent certaines de leurs revendications, comme la baisse du carburant ou encore le référendum d'initiative citoyenne.
Une grande manifestation est prévue le samedi 20 novembre à Paris. Tristan Lozach espère qu'il sera massif, pour se faire encore entendre.