Nitrate d'ammonium dans le port de Saint-Brieuc : des cargaisons en transit sous haute surveillance

Une à deux cargaisons d'ammonitrates transitent chaque année par le port du Légué à Saint-Brieuc. Transportées par camions jusqu'à leur site de stockage, ces substances chimiques dangereuses font l'objet d'une surveillance rigoureuse.


 

Utilisé en agriculture conventionnelle comme engrais chimique pour son apport en azote, le nitrate d'ammonium à l'origine de l'explosion de Beyrouth ce 4 août, porte alors la dénomination d'ammonitrate.

Sur le territoire breton, quatre sites classés Seveso sont habilités à stocker ces engrais.

L'un des ports d'entrée des ammonitrates en Bretagne, c'est le port du Légué à Saint-Brieuc, où 80% des marchandises en transit sont destinées à l'industrie agricole et agro-alimentaire.

Chaque année un à deux bateaux de 3000 tonnes y déchargent leur cargaison d'engrais. Le dernier en date a accosté il y a 10 jours, en provenance de Lituanie.

Un protocole et des installations dédiées


L'accueil de cette marchandise dangeureuse fait l'objet d'un protocole et d'installations spécifiques : 

- Prévenu 15 jours avant l'arrivée du bateau, le port en informe police et pompiers qui seront en alerte pendant son séjour.

- Dans le port, un quai est spécifiquement dédié au déchargement des ammonitrates. Le plus éloigné de l'espace public, il fait l'objet d'une zone d'accès restreint (ZAR) et est équipé de cinq lances à incendie.

- Le personnel portuaire en charge de la manutention du produit doit être porteur d'une habilitation spécifique délivrée par la préfecture.

- Interdits de stockage sur le port, les big-bag d'ammonitrates (sacs de 500kg) sont immédiatement transférés par camions jusque chez le client, Triskalia. Le déchargement d'un camion de 3000 tonnes est effectué en 48 heures.

- L'habilitation au transport de matières dangereuses des chauffeurs de camions est systématiquement contrôlée.
 


A l'origine d'une vingtaine d'explosions meurtrières


Depuis son industrialisation il y a un siècle, le nitrate d'ammonium a provoqué une vingtaine d'explosions dévastatrices dans le monde. Une des premières d'entre elles, à l'usine BASF à Oppau en Allemagne, avait fait 561 morts en 1921. En 1947, à Texas City, l'explosion de deux navires à quai transportant 3500 tonnes avait tué 581 personnes. 

Sites de production, entrepôts comme transports ont tous subi des accidents, selon un mémo de la Commission européenne sur le sujet. "Même des petits stockages de nitrates d'ammonium, parfois d'à peine dix tonnes selon certaines législations, peuvent entraîner un risque élevé pour les populations si les mesures de sécurité ne sont pas parfaitement en place", relève l'UE.

En Europe, les stockages sont encadrés par la directive Seveso 3, qui a été renforcée à la suite de l'accident de l'usine AZF à Toulouse en France en 2001. 



 
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