"Une histoire humaine, sociale et populaire", les cabanons de la plage du Valais, menacés de destruction, vont pouvoir survivre

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Menacés de destruction à plusieurs reprises, les cabanons du Valais devraient pouvoir rester, sous certaines conditions. ©R. Bonnant - B. Van Wassenhove

Dans l'écrin de la baie de Saint-Brieuc et à flanc de falaises, ces touches multicolores font partie du paysage depuis les années 30. Les cabanons de la plage du Valais, la Cité Baby, maintes fois menacés, vont être enfin régularisés.

Des constructions hétéroclites, faites de panneaux de bois, de tôles, parfois même d'anciens wagons qui servent d'hébergements pour les vacances ou les week-ends. Depuis le début du XXe siècle et principalement l'instauration des congés payés en 1936, les cabanons qui surplombent la plage du Valais illuminent de leurs couleurs vivent et de leur charme suranné, l'unique plage de Saint-Brieuc.

Ces cabanons se sont transmis de génération en génération. Pour la plupart de ces habitations sommaires, réalisées sans permis de construire, il n'y a pas d'eau courante, pas d'électricité, pas d'assainissement moderne, mais par contre un goût de petit paradis.

J'avais peur d'effacer mes souvenirs d'enfance que j'avais ici...

Jeff Guibillon,

propriétaire du cabanon "Cash a lo"

Parmi la centaine de propriétaires, Sandrine Guibillon et son mari Jeff. Ce jour-là, armés de papier de verre et de peinture, ils sont aux petits soins de leur "Cash a lo". Car, comme le précise Sandrine, chaque année, les cabanons nécessitent d'être entretenus, restaurés car balayés à longueur d'année par le vent, l'eau, le sable et la mer. Et si par malheur ou par manque d'entretien, la structure s'écroule, pas le droit de reconstruire par-dessus.

Au-delà de cet aspect matériel, Sandrine et Jeff ont surtout un lien affectif avec ces maisonnettes. "J'avais peur d'effacer mes souvenirs d'enfance que j'avais ici", explique Jeff, lorsqu'on évoque avec lui la menace de destruction qui planait sur la cité Baby. Et de préciser "J'ai beaucoup de liens avec tout ce qui est ici, avec la famille ou bien les amis". 

Régularisation après la menace de destruction

Car si les propriétaires sont si soucieux de l'avenir de leur cabanon, c'est qu'aux fortes menaces d'incendie, s'était greffée depuis des années la menace de la destruction administrative. En partie installée sur une réserve naturelle, les cabanons devaient laisser place nette. Mais, grâce à son combat, l'association des amis et usagers des cabanons du Valais a réussi à trouver un accord avec la préfecture des Côtes-d'Armor et la ville de Saint-Brieuc.

Les cabanons seront finalement régularisés. À certaines conditions qu'Hervé Guihard, le maire de Saint-Brieuc, entend bien faire respecter. Notamment, tout rejet d'eaux usées dans la baie sera prohibé et chaque propriétaire devra payer des impôts. Et le maire de préciser : "Toutes les constructions qui n'auront pas bougé depuis 10 ans seront prescrite. Elles ne bougeront plus, ce sera terminé. Par contre, tout ce qui, dans les 10 dernières années, a été bougé, construit, changé, devra revenir à l'état initial".

Pour accompagner cette reconnaissance du site, des travaux de consolidation des falaises et de réensablement de la plage viennent d'être menés.

Une préservation et une valorisation du site attendue depuis longtemps par Joëlle Conin, présidente de l'association des amis et usagers des cabanons du Valais. Une manière enfin de reconnaître ce patrimoine local issu du monde ouvrier, une véritable "histoire humaine, sociale et populaire" explique-t-elle.

Longtemps jugés indésirables, les cabanons du Valais pourraient devenir un des sites touristiques de la baie.

(avec Romuald Bonnant)

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