Une pelleteuse est entrée en action sur la plage du Valais à Saint-Brieuc. Pendant deux jours et demi, elle va curer le site afin de le débarrasser des sédiments qui l'envasent, étape incontournable avant de pouvoir procéder au réensablement de l'unique plage de la ville.
C'était l'une des promesses de campagne de la nouvelle équipe municipale: redonner à la plage du Valais une allure de plage, ce qui n'était plus qu'un lointain souvenir. Depuis les années 2000, le sable a en effet disparu progressivement, pour céder sa place à la vase. Ce changement de physionomie est en grande partie imputable au dragage du port du Légué, tout proche: les 120 000 m3 annuels de sédiments issus de ces opérations étaient déposés à proximité de la plage, et ce jusqu'au mois de juin dernier. La catastrophe écologique ne s'arrête pas là: la vase favorise les algues vertes, qui en pourrissant produisent du sulfure d'hydrogène, un gaz mortel. L'année dernière, par mesure de précaution, la commune avait dû interdire l’accès à la plage de juin à décembre, suscitant l'ire des riverains.
Profiter des grandes marées
Le 20 juin dernier, Alain Cadec, président du syndicat mixte du Grand Légué, annonçait que les vases issues du dragage du port ne seraient désormais plus déposées à proximité de Valais. D'où la décision de la municipalité de lancer les travaux tant attendus. "C’est un site naturel qui a été pollué pendant longtemps, et on avait à cœur de le nettoyer dès que possible. Et là, c'est possible!" explique Aline Le Boëdec, adjointe à la mairie de Saint-Brieuc. "On est en grande marée, donc il n'y a pas d'oiseaux, et on a une amplitude de travail plus importante. C'était vraiment la fenêtre de tir pour agir maintenant."
Curer et réensabler
L'entreprise qui mène les travaux a choisi de curer et de réensabler aussitôt après. Le sable est prêt, stocké dans des entrepôts du port. Ces deux opérations sont la condition sine qua non pour procéder au ramassage des algues vertes qui s'échoueront à l'avenir. Il est difficile de dire si l'opération sera suffisante pour redonner à la plage son aspect initial. Les services techniques de la ville n'excluent pas d'être obligés de réensabler annuellement le site. Face à la plage, un banc de sable s'est installé qui contribue très certainement à emprisonner les sédiments et à favoriser le phénomène d'envasement. Certains riverains voudraient le faire disparaître. "A terme on aura une réflexion plus globale sur ce site: on va agir étape par étape pour nettoyer ensuite le cordon sableux et réfléchir à l'avenir du site, tempère Aline Le Boëdec. Cette plage fait partie de l'attractivité de la ville, on veut travailler là-dessus."
Quelle bouffée d'oxygène! On revit!
Les petits cabanons colorés qui surplombent la plage, et contribuent à son charme surrané, ont été évacués le temps des travaux, qui doivent se poursuivre jusqu'au 27 août. Réminiscence des premiers congés payés, ils permettent à des vacanciers modestes de s'offrir le luxe spartiate d'une villégiature les pieds dans l'eau. Les cabanoniers auraient pu prendre ombrage d'être privés de leur bien en plein été, mais il n'en est rien, à en croire Joëlle Conin, présidente de l'association des Amis et Usagers de la Plage du Valais: "Ils ont très bien compris que c'était pour la bonne cause. Il faut voir aussi les sourires sur les visages des gens: parce que ça déambule, depuis le début du chantier! Tout le monde est content de savoir qu'on va valoriser la seule plage briochine, qui fait partie de notre patrimoine."