Saint-Brieuc : un été 2019 pestilentiel sur le port du Légué

Les mesures de qualité d’air sur le port du Légué pendant l’été 2019 viennent d’être publiées, avec des records côté nuisances olfactives. En cause, ces échouages massifs d’algues vertes et peut-être également les travaux quotidiens de dragage du port.

 

L’été, c’est une odeur qui malheureusement est devenue familière sur le port du Légué. Une odeur d’œuf pourri…
Après des plaintes récurrentes des riverains, Saint-Brieuc Armor Agglomération, avec le soutien financier et technique de l’Agence régionale de Santé a décidé de confier à l’association Air Breizh des mesures de qualité de l’air sur le secteur incriminé

L'hydrogène sulfuré traqué


Ainsi, depuis 2017, des campagnes d’études et de prélèvements sont menées pendant près de quatre mois, pour comprendre l'origine de ces nuisances. Un temps montrée du doigt, la station d'épuration installée à proximité a dès la première campagne de mesures été innocentée. Le vrai coupable, c'est l’hydrogène sulfuré ou H2S, un gaz incolore caractéristique de cette odeur fétide, émis notamment lors de la décomposition organique. 

En 2019, pour le traquer, Air Breizh a installé deux appareils de mesure de l’air, l’une au 1 rue de la Tour, à Plérin, au bord de la rivière du Gouët, le long du port du Légué (5ème port breton en terme d’activité) et l’autre plus près de l’embouchure de cette rivière, au niveau où elle se jette dans la baie de St Brieuc (2 rue du mont Houvet à Plérin).

Des résultats records pour l'été 2019

Publiés le 27 avril dernier sur le site de l’association, les résultats sont sans appel. Si les valeurs sanitaires fixées par l’Organisation Mondiale de la Santé n’ont jamais été dépassées, en revanche, les valeurs qui quantifient les nuisances olfactives ont atteint l’été dernier des records. Sur quatre mois de surveillance, entre le 4 juin et le 24 septembre 2019, elles ont été dépassées près de la moitié du temps. Si l’on compare aux deux années précédentes, ces nuisances ont été deux fois plus importantes qu’en 2017, et cinq fois plus qu’en 2018. 

Les algues vertes en cause mais aussi peut-être le dragage du port

Des « sommets » olfactifs qui coïncident avec des records d’échouage d’algues vertes. En 2019, sur la baie de Saint-Brieuc, 8090 tonnes ont été ramassées contre 4100 tonnes en 2018. Or l’H2S est justement le gaz libéré lorsque ces algues entrent en putréfaction, faute d’avoir pu être collectées, ce qui est le cas dans différentes zones inaccessibles du port et de ses vasières. "Pour nous, ce n'est pas une révélation", réagit André Ollivro, de l'association Halte aux marées vertes. "Nous avions dès 2017 effectué des relevés qui témoignaient de la présence importante d'hydrogène sulfuré. Cela confirme que le port avec sa digue stocke les algues vertes qui pourrissent sur place. Mais que faire? "

L’autre hypothèse met en cause le dragage quotidien du port, dont les boues sont évacuées derrière le môle d’entrée. Michel, un des riverains, installé rue de la Tour depuis 2013 évoque cette piste aussi. "C’est sûr, à chaque marée, ces vases doivent revenir, tant qu’elles ne sont pas éloignées davantage du port." Ce finistérien qui se dit "habitué aux mauvaises odeurs, de vase ou de lisier" reconnaît que "l’été, c’est très désagréable, mais ce n’est pas tout le temps."

L’étude d’Air Breizh note effectivement l’impact des secteurs de vents, de la pluviométrie, ou des périodes de chaleur. Pour approfondir davantage cette étude, l’association souhaiterait pouvoir étudier les corrélations des plannings de dragage et des pics olfactifs.

Des indices encourageants pour l'été 2020

Un nouveau suivi devrait être mis en place à partir du mois de juin et peut-être étendu à d’autres zones de la baie de Saint-Brieuc. Mais cette année, les chiffres pourraient être beaucoup moins alarmants, car plusieurs facteurs devraient contribuer à réduire les échouages d'algues vertes cette année.

Tout d'abord, les taux de nitrate relevés dans les rivières cet hiver étaient plus bas que d'habitude. Par ailleurs, les tempêtes hivernales ont permis de disperser les stocks off-shore. "Jusqu'à présent, du côté d'Hillion, c'est immaculé: aucun dépôt d'algues vertes. C'est du jamais vu!" se réjouit André Ollivro. Des signes positifs qu'il faudra confirmer d'ici la fin de l'été... Les narines des riverains du Légué seront les premières à pouvoir confirmer le phénomène.
 
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