Le maire de Saint-Brieuc, dans les Côtes d'Armor, Hervé Guihard, a été victime d’une attaque, vers 9 heures ce jeudi matin 26 septembre, par un homme dans un bar du centre-ville. Il a été touché au niveau de la tête, après avoir reçu des coups. L’élu a été transporté à l’hôpital mais il va bien. Son agresseur, qui souffre de troubles psychiatriques, a été interpellé par la police. Voici ce que l'on sait sur cette agression.
L'agression a eu lieu dans un bar situé en cœur de ville. Un peu avant 9 heures ce matin (jeudi 26 septembre), le maire de Saint-Brieuc Hervé Guihard entre au bistrot de la Poste, après avoir déposé sa fille à l'école. C'est là qu'un client, connu pour ses accès de violence, s'emporte et agresse l'élu en le frappant à plusieurs reprises. "Se dire que quelqu'un me cherchait, est entré dans le bar en répétant "je vais tuer le maire, je vais tuer le maire, c'est irréel", nous a confié Hervé Guihard.
L'élu va bien physiquement. Il reste forcément un peu choqué.
Les faits
Hervé Guihard, maire de Saint-Brieuc, dans les Côtes-d’Armor, a été agressé par un homme, dans un bar du centre-ville, dans la matinée de ce jeudi 26 septembre.
C'est aux alentours de 9 heures, que la police a reçu l'alerte. Yoann Léandri, secrétaire zonal Unsa Police pour la Bretagne, explique qu'un appel a été reçu pour "un homme armé, muni d’un couteau, voulant tuer le maire, café de la poste".
Fabien Labbé, le patron du Bistrot de la Poste, était encore choqué quand nous l'avons interrogé. "Il a asséné des coups sur le visage du maire avec le manche en bois du couteau.(...) On ne peut pas rester insensible face à une telle agression. Je connaissais le maire, je connaissais l'agresseur, je les voyais régulièrement dans mon établissement. C'est étonnant, je me serais jamais attendu à ça".
Dans un premier temps, "la brigade secours de Saint-Brieuc est arrivée très rapidement", puis elle a eu le soutien du groupe de sécurité de proximité (GSP) du commissariat de Saint-Brieuc. En tout, six policiers sont intervenus.
L'homme a été interpellé et placé en soins psychiatriques.
Le maire légèrement blessé, une arrestation tumultueuse
À l'arrivée de ces derniers, il n'y avait plus personne dans ce petit bar, de "15 mètres sur 20". "Il restait le maire, le gérant et le suspect." C'est alors qu'ils sont tombés face à "un individu armé d’un grand couteau, faisant des allers-retours. Il voulait se suicider à l’arrivée de la police", relate Yoann Léandri. "Le couteau sous la carotide, il voulait mettre fin à sa vie."
Les policiers ont ensuite tenté de le canaliser. "L'un des six a utilisé le PIE", le pistolet à impulsion électrique. Ça n'a "fait aucun effet sur lui". Yoann Léandri décrit l'interpellation : "avec un sang-froid exemplaire, ils ont sauté dessus, tout en sachant qu’il avait toujours le couteau dans la main".
Le secrétaire zonal Unsa Police pour la Bretagne rapporte que les six policiers "sont choqués".
Avant l'intervention, l’élu a été touché à la tête avec le manche de l’arme blanche. Il a été transporté à l’hôpital pour des blessures légères.
L'auteur présumé suivi pour des troubles psychologiques
D'après France Bleu Armorique, l'auteur présumé est suivi pour des troubles psychologiques. Le 1er juillet 2012, il avait tenté de tuer ses parents avec un sabre japonais, avant de prendre la fuite. Il avait été interpellé le lendemain puis placé en garde à vue, avant d'être hospitalisé d'office dans une unité psychiatrique à Plouguernével (Côtes d'Armor).
Il est aussi suspecté d'avoir déjà agressé verbalement et publiquement le maire auparavant. C'était le 30 mai dernier, lors du passage du candidat Raphaël Glucksmann pendant la campagne des élections européennes.
Cette semaine, il avait assisté à un procès devant le tribunal de Saint-Brieuc, en tant que victime. Six hommes y étaient jugés pour des faits de violence lors de cet événement. Lui avait pris un coup de matraque et il avait déclaré au cours du procès qu'il en voulait "aux institutions", estimant qu'elles n'avaient "pas assez réagi après cette agression".
Des réactions d'indignation dans le monde politique
S’en prendre à un maire, c’est s’attaquer à la République
Catherine Vautrin, Ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation
Suite à cette agression, plusieurs personnalités de la classe politique ont apporté leur soutien, comme Raphaël Glucksmann. "Tout mon soutien à Hervé Guihard, un homme génial, un maire extraordinaire, mon ami. Il aurait pu mourir sous les coups d’un agresseur qui le menaçait depuis des mois", écrit-il sur le réseau social X.
"S’en prendre à un maire, c’est s’attaquer à la République", a exprimé, Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation.
De son côté, David Lisnard, maire de Cannes et président de l'Association des Maires de France, déplore "une attaque contre la République. Mais, c'est avant tout l'attaque d'un homme. Et c'est une réalité physique que l'on rencontre de plus en plus". Il rappelle que, "malheureusement, statistiquement en trois ans, il y a eu plus de 50 % d'augmentation des agressions sur les élus, sur les maires".
Un maire encore victime d’agression 😡😡
— Eric BERLIVET 🇫🇷 (@EricBerlivet) September 26, 2024
Mon collègue Hervé Guihard, maire de Saint-Brieuc, a été violemment agressé ce matin dans un bistrot de sa commune. Un homme d'une quarantaine d'années, après avoir menacé les clients présents dans l'établissement, a attaqué Hervé avec le… pic.twitter.com/FHp5axXGap
Ronan Kerdraon, le maire de Plérin, fataliste
Ces tentatives d'intimidation interpellent aussi Ronan Kerdraon, le président de Saint-Brieuc Agglomération. Il condamne, "en tant que maire, en tant que président de l'agglomération, en tant que président de l'association des maires des Côtes-d'Armor, en tant que citoyen", cette agression, mais va même un peu plus loin. Non seulement je condamne mais je ne suis pas surpris de ce type d'agression puisque ça devient un fait banal aujourd'hui".
Le maire de Plérin s'avoue résolument pessimiste pour les semaines et les mois à venir. "Je crains une escalade des faits de violence. On est à 18 mois des municipales, je pense que ça va avoir un impact sur les candidatures".
Je crains une escalade des faits de violence. On est à 18 mois des municipales, je pense que ça va avoir un impact sur les candidatures.
Ronan Kerdraon, maire de Plérin et président de l’association des maires de Côtes-d’Armor
Une enquête ouverte pour "tentative d'assassinat"
Quelques instants après son interpellation, la garde à vue de l'agresseur n'a pas été possible et le préfet des Côtes-d'Armor a ordonné son placement dans une unité de soins psychiatriques.
Ce jeudi soir 26 septembre, le procureur de la république de Saint-Brieuc a tenu a souligné la gravité de tels actes et la répression qui pouvait s'appliquer.
"Au regard des propos tenus et des circonstances de commission des faits, a-t-il commenté, j'ai demandé une enquête de flagrance, des chefs de tentatives d'assassinats sur des personnes dépositaires de l'autorité publique, menaces de mort aggravées, et rébellion, faisant courir à son auteur la réclusion criminelle à perpétuité".
Par ailleurs un expert psychiatre devra établir le degré de responsabilité pénale de l'intéressé, pour savoir s'il est responsable pénalement ou si son discernement était aboli.
Des "trous dans la raquette"
"C'est une situation exceptionnelle, c'est un homme qui souffrait de troubles psychiatriques. Pour moi, ça montre qu'il y a des trous dans la raquette. Si on me parle d'insécurité, le suivi de ces individus fait partie des solutions à étudier".
C'est une situation exceptionnelle, c'est un homme qui souffrait de troubles psychiatriques. Pour moi, ça montre qu'il y a des trous dans la raquette. Si on me parle d'insécurité, le suivi de ces individus fait partie des solutions à étudier.
Hervé Guihard, maire de Saint-Brieuc
Interrogé sur son avenir en tant que premier édile, le maire a affirmé ne pas être du tout découragé par cet événement. "Je suis déterminé à apporter des réponses à ce problème. La santé mentale crée l'insécurité".
Avec l'AFP.