300 personnes environ ont participé, ce vendredi 21 juillet 2023, à la cérémonie exceptionnelle de commémoration aux 55 victimes de la Butte Rouge, à Plœuc-L’Hermitage (Côtes-d’Armor). Ce lieu de la Résistance a été profané dans la nuit du 14 au 15 juillet par des tags antisémites et néonazis.
"Face à l'ignominie des inscriptions antisémites qui ont souillé ce lieu, disons le haut et fort, l'antisémitisme est une insulte à notre humanité et à la mémoire de nos héros. Nous ne tolèrerons jamais, nous le combattrons avec toute notre force, avec toute notre détermination et avec toute notre indignation"
Le ton solennel et déterminé de Thibaut Guignart, maire de la commune de Plœuc-L’Hermitage, a résonné lors de la cérémonie exceptionnelle d'hommage aux 55 martyrs de la Butte Rouge. Dans la nuit du 14 au 15 juillet dernier, leurs stèles et leurs portraits ont été profanés avec des tags antisémites et néonazis.
Des actes "inconcevables"
300 personnes environ ont participé à la commémoration : le préfet des Côtes-d'Armor, les députés du secteur, des élus, des officiels, des syndicats, des descendants des 55 martyrs, mais surtout des citoyens outrés et révoltés que de tels actes se produisent.
Ainsi Marion est venue pour "marquer le coup, car il y a une montée de l'extrême droite" et d'ajouter : "Tout ce discours ambiant raciste, antisémite, xénophobe permet que des personnes arrivent ici et souillent la mémoire des résistants et c'est absolument insupportable. Je ne pense pas que ça leur serait venu à l'idée il y a encore 5 ans. Mais là, se revendiquer du nazisme, du fascisme avec des symboles SS, des croix gammées et des "morts aux juifs"
La présence de ces 300 personnes étaient réconfortante pour les familles des résistants, très touchées et éprouvées par la profanation de ce lieu de mémoire et les inscriptions telles que "Mort aux juifs" et les symboles néonazis qui ont recouvert les portraits de leurs aieuls.
"C'est une deuxième mort"
"C'est émouvant et réconfortant de voir autant de monde, exprime Elizabeth Conan, nièce de deux fusillés [Jean et Emile Urvoy, ndlr], Pourquoi souiller à nouveau leurs portraits, leurs fosses ? Je ne comprends pas. C'est une deuxième mort pour nous. Ils ont déjà donné leur vie le 30 juillet 44. Pourquoi s'en prendre à eux ? Qu'on les laisse tranquille. Vous avez vu où sont leurs fosses ? Il faut faire au moins un kilomètre et demi pour entrer dans la forêt. Moi, j'ai tout de suite dit : 'Ce ne sont pas des jeunes... C'est prémédité. C'est voulu' "
Pour victoire, 16 ans, arrière petite-nièce de deux résistants fusillés, cette profanation, "C'est triste, c'est touchant. En 2023, on ne devrait pas faire ça. Il ne faut pas oublier toutes les horreurs du passé et ces hommes qui ont tout fait pour sauver notre patrie des Allemands. Il faut contrer ceux qui ont fait ces tags et dire que ce n'est pas normal".
Des enquêtes pour trouver "ces groupuscules néonazis aux actes abjects"
Dans les Côtes-d'Armor, depuis des mois, ce type d’action a tendance à se multiplier. Mais "ces groupuscules néonazis, aux actes abjects, n’auront pas le dernier mot", a assuré le préfet. "Des plaintes sont déposées et des enquêtes sont diligentées, les auteurs de ces actes portés par une infime minorité au discours de haine".
Dans ce dossier précis, pas encore d’interpellation. Les photos souillées ont aujourd’hui été nettoyées. Le lieu de mémoire espère retrouver sa sérénité.