Selon APF France Handicap, 12 millions de personnes, soit 1 individu sur 6 dans notre pays, souffrent de handicap. Entre nervosité, détresse et solitude, ces personnes qui subissent déjà l'exclusion dans leur quotidien, redoutent ce deuxième confinement.
Pour Guillaume et Sophie Bellec, 40 ans, la pilule est difficile à avaler. En couple depuis plusieurs années, ils souffrent tous les deux de paralysie cérébrale. Une maladie neurologique survenue dès leur naissance. Pour eux, le discours prononcé par le président de la République ce mercredi 28 octobre : c'est la douche froide.
“Malheureusement, nous allons revivre un confinement. Pour les personnes en situation de handicap, le confinement est compliqué sur le plan psychologique. Ça va nous provoquer des baisses de moral, on est nerveux”, déplore Guillaume Bellec, représentant départemental de l’association APF France Handicap Côtes-d’Armor.
Pour Guillaume Bellec, les personnes handicapées moteurs ne sont pas assez considérées dans cette crise. “On parle des personnes âgées, des soignants, des valides… mais on ne parle pas de nous. Quand on n’a pas d’autonomie complète, cette crise est difficile”, ajoute-t-il.
Lors de ce nouveau confinement, Emmanuel Macron a annoncé que les personnes en situation de handicap pourront “bénéficier des souplesses dont elles ont besoin”, sans donner davantage de précisions.
Quid des sorties pour les handicapés ?
Le collectif Handicap 35 attend avec impatience des précisions, notamment sur le droit de sortie.
Jusqu’au 1er décembre au minimum, le gouvernement l'a annoncé : il faudra sortir muni d’une attestation. Plusieurs motifs de déplacements sont possibles, parmi lesquels : les "déplacements des personnes en situation de handicap et de leur accompagnant".
Pour le collectif, ces sorties ne devraient pas être limitées à une heure ni dans un rayon d’un kilomètre. “Nous avons besoin de souplesse”, clame Claude Laurent, le président de Collectif Handicap 35.
“Un enfant autiste ne comprend pas ce que signifie le confinement. En cas de crise, les parents sont obligés de sortir l’enfant. Pour eux, la promenade ne va pas être la petite heure prévue dans les dérogations. Dans certains cas, la promenade sert seulement à ne pas ‘péter les plombs’ ”, explique le président du collectif.
Un deuxième confinement pas sans conséquence
Lui-même père d’une enfant handicapée, Claude Laurent craint la deuxième vague et les conséquences de ce confinement.
En mars dernier, de nombreux établissements médico-sociaux ont demandé aux familles de prendre en charge leur enfant ou adulte handicapé “faute de moyens”. Dans ces centres, le personnel manquait. Impossible pour eux de s’occuper de tous les patients.
“J’ai peur que l’on retombe dans la même démarche qu’en mars, que l’on renvoie les enfants handicapés vers des familles qui ont déjà des âges avancés, qui ne peuvent pas s’occuper seuls de leurs enfants”.
Sans les activités, fini le lien social
Autre point délicat : les activités qui permettaient un lien social seront à l’arrêt pendant le confinement. “Le gouvernement arrête tout. Ce n’est pas solidaire envers nous. Tous les mardis, on avait des ateliers de peinture, de cuisine. Ça permettait d’avoir des relations entre le personnel et les bénéficiaires. Avec le confinement, tout va être à l’arrêt”, se plaint Guillaume Bellec.
Il redoute le confinement qui, pour lui, va empirer l’état psychologique, déjà fragilisé de certaines personnes. En tant que représentant départemental de l’association APF France Handicap, Guillaume Bellec reçoit directement des messages d’alerte.
Une personne handicapée m’a contacté sur les réseaux sociaux. Elle a envie de se suicider à cause du confinement. Elle n’a pas de soutien, plus de lien social.
En citant cet exemple, Guillaume Bellec se remémore le suicide de Elwood Mandart, 31 ans, originaire de Guingamp, en fauteuil roulant. Le 31 mai dernier, il s’était aspergé de gel hydroalcoolique, avant de s’immoler.
« Edwood a décidé d’arrêter de vivre en s’immolant le 1er juin, suppliant la personne qui a tenté de le secourir »....
Publiée par Union des Mamans d'Enfants Handicapés - UMEH sur Samedi 13 juin 2020
“On n’a plus envie de se battre. Si on ne nous donne pas les moyens pour aller mieux, on n’y arrivera pas. On a besoin de solidarité”, clame Guillaume Bellec.